Objet de polémique sur la Toile, d'un rassemblement de protestation et de réaction des responsables communaux, la statue du «soldat inconnu», érigée au boulevard Benboulaïd à Béjaïa se découvre une deuxième vie. Bien que la municipalité ait apporté un démenti formel aux informations colportées sur les réseaux sociaux sur une éventuelle démolition et le remplacement de la statue du soldat inconnu au carrefour Mostefa Benboulaïd, des dizaines de citoyens ont tenu, hier matin, un rassemblement de protestation sur le lieu pour dénoncer cette «prétendue démolition», une majorité de curieux ont écouté longuement un intervenant expliquer le risque de voir cette statue disparaître du paysage local. Tout est parti il y a moins d'une semaine lorsqu'un site local a rapporté une information selon laquelle «l'imposante statue du moudjahid sera démolie». Il s'en est suivi un large débat sur les réseaux sociaux qui a débouché directement sur un appel à un rassemblement de protestation. Informée, la municipalité réagit, par la voix de la cellule de communication, en apportant un démenti catégorique. «Des informations malintentionnées sont colportées ces jours-ci sur les réseaux sociaux soutenant que la commune de Béjaïa procédera incessamment à la démolition et au remplacement de la statue du soldat inconnu qui trône au carrefour Mostefa Benboulaïd», note la cellule de communication de l'APC, soulignant que la municipalité de Béjaïa dément catégoriquement «ces allégations mensongères» et précise qu'«effectivement des travaux d'embellissement sont prévus sur la placette mais ne toucheront en aucun cas la statue qui honore le combat de nos moudjahidine». Dans la foulée, l'APC de Béjaïa a pris soin d'informer les habitants de la ville que «d'autres statues à l'effigie de nos valeureux moudjahidine seront implantées à de nombreux carrefours de la ville», avant de conclure par un appel aux citoyens à «faire preuve de plus de vigilance et à ne pas céder aux manipulations, oeuvres de certains individus». Cela n'a pas pour autant suffi pour que les organisateurs de la manifestation reviennent à de meilleurs sentiments. Ils ont tenu le rassemblement, marquant leur hostilité à tout changement, estimant que cette statue fait partie de la mémoire béjaouie et que sa démolition «est une atteinte aux symboles de la ville. L'existence de cette statue remonte à l'année suivant la promotion de la région de Béjaïa au statut de wilaya. Le wali de l'époque, Cherif Meziane, a demandé au sculpteur Zizi, natif de la wilaya, de tailler en urgence trois oeuvres sculpturales pour le chef-lieu de wilaya, raconte M. Rabah Naceri, ex-président de l'APW de Béjaïa sur son blog. Trois statues ont été réalisées dans des délais très courts dont l'une a été fixée au carrefour du 19-Mai 1981 (cité Naciria), la seconde à la place Medjahed et la troisième au carrefour de l'avenue Benboulaïd, soit celle qui fait présentement l'objet de polémique ces jours-ci. Sur les trois statues érigées dans les années 1980, seule cette dernière est encore en place. La statue du carrefour du 19-Mai 1981 a été démolie au profit d'un jet d'eau. Celle de la place Medjahed a cédé la place à la construction de locaux et d'une vespasienne. Cela n'avait à aucun moment suscité une quelconque réaction. A suivre les commentaires sur les réseaux sociaux, on comprend vite qu'aussi bien la manifestation que la statue en elle-même ne font l'objet de consensus. On relève une tendance clairement affichée pour le changement de l'ordre établi de cette placette pour l'embellir davantage, quitte à se séparer de cette statue, tandis qu'en face d'autres estiment nécessaire de maintenir la situation telle quelle. Derrière cette tendance se cachent des velléités qui laissent, selon les mêmes commentaires, transparaître «un bras de fer individuel», loin de «cadrer avec l'intérêt collectif».