Une filière écologique et économique créatrice de richesse et d'emplois, ignorée. Les déchets ménagers, industriels, hospitaliers et autres s'avèrent être une «niche» économique insoupçonnée si l'on se réfère à leur gestion intelligente comme de par le monde. Bien agencée, cette gestion est devenue un atout écologique et économique créateur de richesse et d'emplois. En Algérie, la route est longue et difficile pour atteindre ce but. C'est en effet en amont de toute opération que l'effort reste à faire car dépendant d'une sensibilisation médiatique renforcée. Que de fois, en effet, n'a-t-on pas assisté à des émeutes locales déclenchées contre la construction de simples centres d'enfouissement technique (CET), dont 86 sont opérationnels sur les 144 programmés. Ces protestations sont souvent menées par des riverains pour des raisons d'hygiène, de santé ou encore pour des raisons domaniales qui relèvent d'une situation foncière souvent inextricable au vu des multiples riverains qui sont parfois bloqués dans l'indivision cadastrale du lieu choisi pour une telle réalisation. Cependant, il ne faut pas ignorer que 70% des déchets sont déchargés dans des CET dans le monde, a précisé un intervenant, un certain Tolba, leader dans la lutte pour un environnement sain depuis sa prise en charge par l'ancien ministre Cherif Rahmani. Il y a lieu toutefois de regretter l'absence d'un «cadre institutionnel réglementaire pour mieux encadrer la question» a déclaré Samir Grimes, directeur de la Conservation de la biodiversité, du littoral et des changements climatiques au ministère des Ressources en eau et de l'Environnement (Mree). Ce responsable a animé hier une conférence devant un très nombreux public, dont beaucoup d'étudiants, au Siee Pollutec 2016 (Salon international des équipements (...) de l'eau et de l'environnement) qui se tient à Alger jusqu'à demain. Grimes n'a pas manqué de soutenir que le Mree est à l'heure actuelle au stade d'une «évaluation» basée sur un bilan des actions passées et dont les résultats palpables ne seront connus qu'au cours des cinq prochaines années. Pour ce faire, il est impératif, a-t-il dit, que la société civile s'engage en jouant un rôle dans la prise en charge de ce phénomène. Tout comme les secteurs de l'agriculture ou de la pêche, ce secteur doit s'intégrer dans les circuits économiques et financiers, notamment dans la conjoncture économique actuelle due à la chute brutale des cours du pétrole, principale source de devises. Le potentiel de développement que recèle ce domaine réside dans 80% des 11 millions de tonnes de déchets à valoriser par ce marché qui «s'ouvre» aux opérateurs économiques nationaux et étrangers, a-t-il dit en citant la venue récente d'une délégation de 15 personnes d'investisseurs nationaux dont beaucoup établis à l'étranger. Les gains à réaliser dans une nouvelle gestion seront de quelque «56,44 milliards DA» a-t-on affirmé lors d'une présentation de l'Agence nationale des déchets (AND). Sur le plan social, elle génèrerait 7 600 emplois directs à travers les différents dispositifs mis en place comme le tri des déchets, le transport...Cette gestion devant atteindre une revalorisation de 20% du volume des déchets en 2018/2020 tout en changeant impérativement le comportement du citoyen à l'aide de spots médiatiques supportés par une juridiction verbalisant l'incivisme du citoyen. Concernant la problématique du sachet en plastique ou du gobelet alimentaire, l'animateur de la conférence a admis que cette problématique n'avait «pas de réponse aujourd'hui, voire impossible à régler», au vu de plusieurs milliers d'opérateurs informels qui interviennent dans ce créneau. Cependant, il a reconnu que la «question n'est pas totalement prise en charge». Il a indiqué que des options sont à l'étude comme les sacs dégradable ou le sac payant après les achats dans une grande surface, secteur avec lequel des discussions sont en cours. Il a suggéré des spots de sensibilisation par des campagnes continues et non conjoncturelles. Concernant la fiscalisation du commerce des sacs en plastique, le conférencier dira qu'ils sont «imposés à 10 DA/kg» mais le chantier reste ouvert face aux milliers de circuits locaux informels. Soulignant la nécessaire «formation de tous les acteurs du domaine», l'orateur a prédit «un échec annoncé» si la séparation des déchets ne s'opère pas en amont au niveau des ménages comme «première étape» d'un chantier impossible sans une sensibilisation accrue.