Le Plan national anticancer a mobilisé plusieurs compétences nationales en la matière Quelque 50.000 cas par an sont recensés soit une moyenne de cinq par heure. Une partie des objectifs du «Plan anticancer» initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et qui repose sur huit axes stratégiques, a été atteinte en une année grâce aux efforts des équipes médicales qui s'emploient à sa mise en oeuvre, a précisé le Pr.Zitouni à la veille de la célébration aujourd'hui de la Journée mondiale contre le cancer. Le Pr. Messaoud Zitouni, chargé de la coordination, du suivi et de l'évaluation du «Plan national anticancer 2015-2019» souligné que l'étape actuelle était «cruciale» pour son succès final. Evaluant la première étape du plan, le spécialiste a fait état d'un certain nombre de réalisations, notamment en matière de lutte contre les facteurs de risques des maladies non transmissibles telles que le cancer, en citant le Plan national de lutte contre le tabagisme. Il a également évoqué l'installation d'une commission sur le dépistage de tous les cancers, notamment le cancer du sein qui est le plus fréquent chez la femme avec près de 12 000 nouveaux cas chaque année. Le Pr. Zitouni a rappelé le lancement de la formation des médecins généralistes, eu égard à leur rôle majeur dans la prise en charge médicale de proximité, déplorant le déficit enregistré en la matière, notamment pour le diagnostic du cancer, ce qui réduit les chances de guérison, a-t-il dit. Pour y remédier, le plan a mis en place un réseau médical prévoyant une hiérarchisation pyramidale à partir du médecin généraliste jusqu'aux CHU et autres Centres anticancer en passant par le spécialiste, a-t-il fait savoir, affirmant que ce type de prise en charge de proximité était la «meilleure méthode de soins» connue dans le monde. Précisant que la prochaine étape sera celle de l'évaluation, le Pr. Zitouni a insisté sur la nécessité d'une méthode de travail logique et coordonnée en fonction des objectifs fixés. Il importe, a-t-il dit, d'évaluer les succès réalisés et de tirer des enseignements des échecs pour corriger ce qu'il y a lieu de corriger et améliorer la situation. Le Pr. Zitouni a relevé par ailleurs «la difficulté de la tâche quant à la réduction de l'incidence du cancer», d'autant plus que les maladies cancéreuses sont liées à l'âge et au développement économique et technologique. Il citera dans ce sillage les efforts vains des pays développés dans ce sens, à l'exception des pays scandinaves, notamment la Suède et la Norvège, qui sont parvenus à stabiliser la prévalence grâce à un système de santé basé sur la prévention. Il a rappelé que l'Algérie qui est venue à bout «des maladies infectieuses» dévastatrices qui ont sévi au lendemain de l'indépendance, grâce aux campagnes de vaccination, subit aujourd'hui «le poids» d'autres maladies non transmissibles dont le cancer qui reste «un phénomène social incurable» contre lequel il n'existe jusqu'à présent ni vaccin ni traitement miracle. Pour ce responsable chargé du «Plan anticancer», il faut «déclarer le tabac ennemi public numéro un», a insisté, encore, le professeur Zitouni qui estime que «le tabagisme est à l'origine de 90% des cas du cancer du poumon et de 35% des autres maladies cancéreuses». De l'avis de beaucoup d'experts, il faut un véritable «état-major» pour veiller sur le plan cancer en formant des équipes pluridisciplinaires car le cancer ne relève pas exclusivement des oncologues. Les experts rédacteurs de la stratégie nationale de lutte contre le cancer placent la prévention et le dépistage précoce de la maladie en tête des priorités. Pour le professeur Zitouni, «la prévention est le seul investissement valable qui permet de réduire le nombre des cancers» et le «dépistage précoce permet de traiter et de guérir la maladie».Pour lui, la lutte contre le cancer «nécessite beaucoup de temps et un travail de prévention sur le long terme». Le Plan national anticancer a mobilisé plusieurs compétences nationales en la matière qui ont travaillé sans relâche durant deux ans pour que ce projet se concrétise. Le plan s'articule autour de la prévention, le diagnostic précoce, la formation et les aspects financiers. Le Pr. Zitouni a enfin rappelé que le plan était le fruit d'une série de mesures dont l'adoption des axes stratégiques de ce document par le Conseil des ministres en mai 2015 et la mobilisation des fonds nécessaires estimés à 180 milliards de DA. Parmi ces mesures aussi, on relève l'installation par le Premier ministre Abdelmalek Sellal du Comité national de suivi et d'évaluation, présidé par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. 50.000 nouveaux cas de cancer sont enregistrés annuellement, dont 1 500 chez les enfants, soit une moyenne de cinq nouveaux cas par heure enregistrée chez les adultes, et quatre nouveaux cas par jour chez les enfants. Une prévalence du cancer du sein (10.000) suivi du cancer du côlon (4000) et celui du poumon (3500) est recensée, indique-t-on en regrettant que 70% des traitements prescrits aux patients ne soient entamés qu'à un stade avancé de la maladie. 6000 femmes ciblées dans les régions éloignées Six mille femmes habitant dans des régions éloignées à travers 12 wilayas seront ciblées en 2016 par l'opération de dépistage précoce du cancer du sein, a annoncé la présidente de l'Association «El-Amel» d'aide aux cancéreux, Mme Hamida Kettab. Dans le cadre de la caravane de dépistage précoce du cancer du sein chez les femmes âgées de 40 ans et plus, l'Association El-Amel est parvenue à cibler en 2015 un nombre important de femmes dans les wilayas de Jijel et de Biskra, et compte toucher 6000 femmes en 2016 à travers 12 wilayas, a indiqué Mme Kettab dans une déclaration à l'APS à la veille de la célébration de la Journée mondiale contre le cancer qui coincide avec le 4 février de chaque année. L'association a voulu toucher les régions éloignées et offrir un service gratuit à leurs populations, a-t-elle ajouté précisant qu'une étude nationale sur le cancer du sein serait lancée en Algérie en 2017 après l'évaluation de l'opération de dépistage précoce en octobre 2016. L'opération s'inscrit dans le cadre du Plan national de lutte contre le cancer 2015-2019 initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a-t-elle ajouté, précisant que depuis le lancement de cette opération pilote qui avait touché 3 000 femmes à Biskra, 39 cas s'étaient avérés positifs. Revenant sur le dépistage précoce en milieu professionnel, Mme Kettab a assuré que plus de 1000 des 2100 femmes travaillant à Algérie Télécom avaient été ciblées par cette opération. 15 cas d'atteinte de cancer du sein, au premier stade, ont été enregistrés, a-t-elle ajouté. L'opération devrait être reconduite et élargie au reste des entreprises nationales après la signature d'une convention avec l'Ugta. Par ailleurs, Mme Kettab a mis en avant les efforts et les campagnes de sensibilisation menés par les médias nationaux en matière de lutte contre le cancer, notamment le cancer du sein qui ont permis, selon elle, de casser les tabous. Avant sa dotation de la clinique mobile de dépistage précoce du cancer du sein «Mammobile» et après la formation d'une équipe médicale pluridisciplinaire par le Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc), l'association avait mené des campagnes de sensibilisation en sillonnant différentes régions du pays.