Aussi bien les spéculateurs que les citoyens, s'en donnent à coeur joie dans cette fièvre acheteuse qui confirme que l'Algérien renoue bel et bien avec la vie. C'est devenu une habitude chez nous. A l'approche d'une quelconque fête, nos commerçants, principalement ceux qui activent au noir, changent d'activité pour s'investir dans le commerce le plus attractif. Ainsi à l'approche de chaque nouvel an, les étals se garnissent de tous genres de friandises, de chocolats et d'arachides. L'objectif c'est de faire un bon chiffre d'affaires en cette période où l'Algérien ne compte pas ses sous. «La fête, ce n'est pas tous les jours», ironise un sexagénaire qui est venu s'approvisionner auprès d'un marchand de bonbons au marché «informel» Ferhat Boussaâd (ex-Messonier). Cet homme qui a déboursé plus de 1000 DA en friandises, nous révèle que ces chocolats vont être offerts à ses petits-enfants qui viendront passer le jour de l'an chez lui. «Mon plaisir c'est de contenter ma progéniture», nous déclare-t-il, en ajoutant: «J'ai pris habitude de fêter le jour de l'an.» Cet homme n'est qu'un échantillon du rush qui s'abat sur les étals. Les marchands, quant à eux, disent que cette affluence ne peut que les réjouir. «J'ai investi 200.000 DA en marchandise, celle-ci sera écoulée en trois ou quatre jours», nous révèle un commerçant. Interrogé sur le bénéfice qu'il dégagera de cet investissement, il fronce les sourcils et s'excuse de ne pouvoir nous répondre. Son ami qui était près de lui, nous déclare sans retenue: «Une pareille marchandise apporte un bénéfice de 60.000 DA tous les trois jours». Seulement souligne-t-il, «la fête, ce n'est pas tous les jours». Ce qui est évident, selon tous les marchants interrogés, c'est que ce genre de commerce est très porteur. Il est aussi valable pour toute l'année. «Le chocolat est très apprécié par les enfants et même par les adultes, aussi l'affluence est-elle quotidienne», argumente-t-il. Concernant la provenance de cette marchandise, elle est en majorité fabriquée en Turquie. La marque suisse telle que Côte d'or ou encore Milka, les marchands nous assurent que c'est la véritable marque made in Suisse. Il reste toutefois à vérifier l'authenticité de ces produits auprès de la Direction de la qualité et des prix. Les fournisseurs, quant à eux, semblent être nombreux. Selon un commerçant, sa marchandise provient d'une troisième main. Il est ainsi le quatrième maillon d'une chaîne composée de plusieurs revendeurs. Quant au premier pourvoyeur, en l'occurrence l'importateur, il reste inconnu pour ces commerçants. «Il faut avoir un bon capital pour pouvoir traiter avec eux», nous explique-t-il avec une mimique qui en dit long. Pour ce qui est des citoyens qui sont hostiles à ces «nouvelles» traditions, ils estiment que les clients sont à l'origine de la propagation de ce commerce. «Ces marchands trouvent leur compte dans ce commerce du moment qu'il y a de la clientèle», dit un citoyen, désolé. Il est cependant important de signaler que les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité qui se traduit par le contrôle et la régulation de ce marché qui prend l'allure d'un marché sauvage, ne répondant à aucune norme, telle que régie par la loi.