L'Agence internationale de l'énergie estime qu'un accord entre les pays de Opep et non Opep n'était que pure spéculation. Après la guerre des prix, la guerre des mots. Chacun y va de son commentaire selon la chapelle qu'il défend. Parmi ceux qui s'y sont invités figure en bonne place le bras énergétique de l'Ocde (L'Organisation de coopération et de développement économique) qui a succédé en 1961 à l'Organisation européenne de coopération économique. Elle défend les intérêts des pays d'Europe occidentale, d'Amérique du Nord mais aussi du Japon et de l'Australie, gros consommateurs d'or noir. L'Agence internationale de l'énergie qui a mis fin aux espoirs d'une remontée des cours de l'or noir dans son rapport mensuel publié, hier, estime qu'un accord entre les pays de l'Opep et non Opep n'était que spéculation. «La spéculation continuelle sur un accord entre l'Opep et les principaux producteurs non Opep en vue de réduire la production n'est rien d'autre que de la spéculation», a asséné l'AIE qui a ajouté que «la probabilité d'une réduction concertée est très faible». Chiffres à l'appui, elle affirme que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole devrait continuer à «pomper vigoureusement» cette année, accentuant l'excès d'offre. «Iran, Irak et Arabie saoudite en tête, le cartel pétrolier a extrait 32,63 millions de barils par jour (mbj) en janvier, ce qui représente une hausse de 280.000 barils par jour par rapport au mois précédent et de près de 1,7 million de barils par jour sur un an.», indiquent les rédacteurs du document qui reconnaissent que «la production mondiale s'est repliée de 200.000 bj en janvier pour plafonner à 96,5 mbj. Une conséquence de la baisse de la production hors-Opep qui devrait décliner de 600.000 bj en 2016 à 57,1 mbj, précisent-ils. Le bras énergétique des pays consommateurs ne croient cependant pas à une reprise des cours malgré le fort déclin de la production du pétrole de schiste américain. Les prix seraient plombés par une offre excédentaire et la morosité de l'économie européenne, chinoise et américaine alors que la hausse des stocks devrait atteindre deux millions de barils par jour durant les trois premiers mois, puis de 1,5 mbj au second trimestre de l'année en cours, indiquent les experts de l'agence. La «plaidoirie» est terminée. La sentence tombe. «Si ces chiffres se révèlent corrects, il est très difficile de voir comment les prix du pétrole pourraient remonter significativement à court terme dans un marché déjà submergé de pétrole», conclut l'AIE. Pendant ce temps là, le baril fait de la résistance. Hier, à 12h30, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 33,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 36 cents par rapport à la clôture de lundi. Vers 14h00, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars, qui avait déjà baissé de plus d'un dollar la veille, reculait de 25 cents pour s'échanger à 29,44 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le marché n'est pas resté sensible aux commentaires du bras énergétique des pays développés qui par-dessus le marché ne le ménage pas. Le constat est implacable. L'AIE, un organisme basé à Paris et lié à l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) «a pesé sur les choses en publiant un rapport plutôt pessimiste», a dénoncé John Kilduff, d'Again Capital, qui a mis l'accent sur une chute des Bourses mondiales. Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie a pris de vitesse celui de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui, gageons-le, apportera des correctifs significatifs à ses sombres pronostics. L'Opep doit, chiffres à l'appui, rendre la monnaie de sa pièce à l'AIE.