La Conférence pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), un conglomérat regroupant plusieurs partis de l'opposition, a sévèrement critiqué hier le pouvoir, responsable selon elle de «la grave situation» dans laquelle se débat actuellement le pays. Affirmant qu'elle avait «averti» déjà dans sa fameuse plate-forme de Mazafran sur les risques qu'encourt le pays, et se targuant de la «crédibilité» de son analyse, la CLTD accuse le pouvoir, «dont la légitimité est contestée», d'être responsable de la «faillite du Trésor public via des projets et des programmes qui n'ont pas été soumis au contrôle et à une gestion rationnelle». Une réponse on ne peut plus claire aux dernières déclarations du Premier ministre Abdelmalek Sellal qui avait évoqué la possibilité d'un recours à l'endettement extérieur, les prix des hydrocarbures, principale ressource du pays, étant à leur plus bas niveau. La CLTD, dans son communiqué rendu public hier, c'est-à-dire au lendemain d'une réunion tenue au siège d'Ennahda sans la présence de Abdallah Djaballah qui a «tenté» de rassembler le courant islamiste en vain, a estimé que le fait que le pouvoir «reconnaisse sa défaillance dans la gestion des affaires publiques n'est qu'une manœuvre visant à gagner du temps». La CLTD qui dénonce également la politique de «replâtrage», estime que la plateforme de Mazafran considérée comme «une feuille de route» est à même d'éviter au pays les dangers qui le guettent. Appel à une transition «négociée» Mais pour ce conglomérat de partis politiques de divers bords, l'application de cette «feuille de route» exige une «transition démocratique négociée avec le pouvoir». «Il est temps que le pouvoir procède à des négociations pour assurer cette transition démocratique», affirme la CLTD dans le même document. La coordination, qui a de tout temps refusé de s'asseoir autour de la même table que le pouvoir, semble aujourd'hui changer de stratégie. Pourtant, lorsque Abderrazak Mokri, membre «influent» de la CLTD, a rencontré le chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, les autres membres n'ont pas manqué de le «rappeler à l'ordre», le poussant à expliciter sa démarche par «l'autonomie partisane». En faisant étalage de la «crédibilité» du contenu de la plateforme de Mazafran, la CLTD cherche sûrement à amener le pouvoir à reconsidérer sa vision de l'opposition au moment où des dissensions internes commencent à apparaître au sein de cette même conférence avec notamment les absences «répétées» de Abdallah Djaballah qui semble avoir définitivement quitté le navire, les sorties en solo de bien des membres de la même CLTD ou encore la «rareté» des actions promises par ses membres ou l'instance de suivi (Isco) dont on entend parler de moins en moins. La CLTD promet enfin dans le communiqué d'organiser «une série d'actions politiques sur le terrain».