Cette instance, selon les animateurs de la conférence animée hier, aura à superviser le processus électoral d'amont en aval en le soustrayant à la mainmise de l'administration. Au pouvoir qui tente de convaincre sur la nécessité d'aller vers une révision constitutionnelle, la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) oppose la revendication d'un "changement pacifique et radical" du régime politique, de plus en plus contesté. Un changement qui, selon elle, doit impérativement passer par l'organisation des élections "libres et transparentes". Une mission que, soutient-elle, seule la mise en place d'une instance nationale indépendante de gestion des élections peut garantir. Les membres de la CLTD l'ont préconisé, hier, à l'occasion de la deuxième conférence dédiée à cette thématique. Cette instance indépendante sera chargée "d'organiser, de gérer et de superviser tous les processus électoraux", a tenu à expliquer Hakim Saheb, membre de la direction du RCD, le parti membre de la CLTD qui a eu à préparer cette rencontre hebdomadaire entrant dans le cadre des conférences thématiques lancées la semaine dernière par la coordination. Ce rendez-vous, autorisé au Club du moudjahid de la wilaya d'Alger, a été une occasion pour les leaders de la CLTD de rappeler les échéances électorales, "toutes entachées de fraude", organisées par le pouvoir depuis l'Indépendance jusqu'à la dernière élection présidentielle. "Un demi-siècle après son Indépendance, l'Algérie est encore condamnée à subir les fraudes et les rituels électoraux hérités de l'époque coloniale", a fait remarquer Saheb, qui se dit "plus que jamais convaincu que la fraude électorale et la corruption sont les deux mamelles desquelles s'abreuve le pouvoir en place". Un pouvoir, ajoute-t-il, qui ne se soucie que de sa "pérennité". À son tour, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a souligné que "chaque élection organisée par le pouvoir consacre davantage la rupture avec la société". D'où son appel à "changer le système politique en place dans sa globalité et ne pas se contenter de changer des individus au sein de ce système". "Aujourd'hui, la réalité de la situation nous impose de nous mobiliser plus que jamais pour sauver l'Algérie", a-t-il insisté, soulignant, avec amertume, que "notre pays ne peut continuer à vivre avec des espoirs ajournés". Pour Benbitour et tous les membres de la CLTD, le seul moyen de surpasser la crise politique profonde que traverse l'Algérie est "l'organisation d'élections transparentes pour permettre aux citoyens de choisir librement leurs gouvernants et, par ricochet, recouvrer la souveraineté populaire jusque-là confisquée". "Tout le monde sait qu'il ne peut y avoir de démocratie sans la tenue d'élections transparentes, encore moins de multipartisme sans le respect du principe de l'alternance au pouvoir", a enchaîné, pour sa part, Farouk Tifour du MSP, en appelant à "libérer" les processus électoraux du joug de l'administration acquise au pouvoir en place. Un avis partagé par Sofiane Sakhri de Jil Jadid, Lakhdar Ben Khelaf du FJD et Mohamed Douibi d'Ennahda, qui souhaitent, de leur côté, que l'organisation des élections ne soit plus contrôlée par les ministères de l'Intérieur et de la Justice, mais par "une instance indépendante et souveraine". Les membres de la CLTD réclament une instance qui sera élue par les partis politiques représentatifs. Ils préconisent que cette instance soit composée de "9 membres dont des juges et 6 personnalités indépendantes et sans appartenance partisane, parmi lesquels doit figurer au minimum une femme". La CLTD appelle aussi à doter cette instance d'un budget de fonctionnement, comme cela se fait dans les pays adoptant le "modèle indépendant d'organisation des élections". F .A.