Le gaz fait encore parler de lui. Gare à l'étincelle! Le feuilleton du raccordement en gaz de ville refait surface à Béjaïa. Hier une nouvelle manifestation réclamant ce combustible a été enregistrée dans la région. Les villageois d'Azaghar dans la commune de Draâ El Gaïd ont investi la rue pour signifier aux responsables les nombreuses insuffisances qui empoisonnent leur quotidien. Et quoi de mieux pour le faire que de procéder sans préavis à la fermeture de la Route nationale 09, un important axe routier qui relie la wilaya de Béjaïa et celle de Sétif. «En 2015, nous en sommes encore au stade du chauffage au charbon de bois», nous a indiqué le représentant du village, précisant que même les bonbonnes de gaz ne sont pas à notre portée, vu que le dépôt le plus proche se trouve à 20 km de notre village et lorsqu'on connaît l'état de la route qui y mène, cela relève d'un véritable parcours du combattant». Dans la foulée, il accablera l'édile municipal pour avoir délaissé son village au profit de sa tribu. Le gaz de ville n'est pas l'unique insuffisance qui frappe ce village; l'eau potable, l'assainissement, les axes routiers sont aussi dégradés, racontent les citoyens frondeurs dont l'action s'est traduite par d'énormes embouteillages sur la Route nationale 09. Beaucoup d'autres villages de la wilaya de Béjaïa souffrent encore de l'absence de gaz de ville. A la saison d'hiver, une forte pression se fait sentir sur la bonbonne de gaz qui se raréfie, notamment lorsque la neige obstrue les routes. Et pourtant, ce ne sont pas les programmes qui manquent. Les pouvoirs publics ont notamment projeté de porter le taux de raccordement au niveau de la wilaya à plus de 67%. Mais cette volonté ne suffit pas à elle seule, sachant que beaucoup d'entraves se dressent sur le chemin de la concrétisation des programmes en la matière. Afin de rattraper le retard accusé par la wilaya de Béjaïa en matière de raccordement en gaz de ville et en électricité, la société de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est, direction de Béjaïa, a franchement mis le paquet pour les trois prochaines années. Une enveloppe de 24 milliards de DA, destinés à de nouveaux investissements, a été dégagée par la SDE en vue de booster le secteur de l'énergie dans la wilaya, a-t-on appris de la cellule de communication de cette entreprise. Les quatre millions de dinars accordés par l'Etat, auxquels s'ajoutent 20 autres MDA puisés du budget du groupe Sonelgaz sont consacrés aux projets de raccordement en gaz naturel, réalisation de nouveaux postes de détente, extension du réseau électrique et installation de nouveaux transformateurs. Durant les trois dernières années, pas moins de 36 milliards de DA ont été investis pour atteindre seulement un taux de 35%. Le secteur de l'énergie a fait récemment l'objet d'une réunion de travail présidée par le wali, M.Ould Salah Zitouni, et en présence du P-DG du groupe Sonelgaz, en l'occurrence M.Noureddine Bouterfa. L'impératif est de trouver des solutions aux différentes contraintes et entraves rencontrées sur le terrain par la SDE et la direction régionale des mines et de l'énergie pour la concrétisation des investissements liés au raccordement en gaz naturel et à l'extension du réseau électrique dans la wilaya et l'amélioration de la qualité de service. Les oppositions citoyennes restent le facteur bloquant par excellence. L'opposition à la réhabilitation de la ligne 60 kV de Darguina, qui représente une ligne de secours pour l'alimentation de la ville de Béjaïa, et l'opposition des citoyens du village Tidelssine, dans la commune d'Aokas, au passage d'une canalisation de gaz de ville, privant depuis huit ans plus de 5000 foyers de cette énergie est à ce titre assez édifiante. Il y a également cette récurrente histoire de créances que la SDE détient sur ses clients, s'élevant à 140 milliards de centimes. Par ailleurs, pas moins de 270 cas de vandalisme ont été recensés par les agents de la SDE de Béjaïa sur les ouvrages électriques et plus de 78 saccages sur les réseaux gaz. En dépit de tout cela; l'optimisme reste de mise. La longueur du réseau de gaz sera augmenté de 300% d'ici fin 2017 pour atteindre alors les 6950 km, avec un taux de pénétration de 75%.