Depuis la campagne médiatique acharnée contre la sélection du film «Hors-la-loi» au festival de Cannes, le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb a quitté la France pour d'autres horizons cinématographiques bien cléments. Aujourd'hui, c'est à Berlin qu'il compte installer sa kheïma cinéma, pour une expression visuelle adéquate. Après son film «London River», où les séquelles des attentats terroristes à Londres étaient évoquées par le biais d'une mère en deuil, il revient par le même point de vue dans son nouveau film «La Route d'Istanbul» ou le calvaire d'une mère - une nouvelle fois - pour récupérer sa fille partie faire le djihad en Syrie. Le dixième film de Rachid Bouchareb n'échappe pas à cette série de films sur les djihadistes. Après «la voie de l'ennemi», ou le calvaire d'un musulman au fond du Texas, Bouchareb touche à un sujet d'actualité sur la guerre en Syrie. Initialement titré «La route des Lacs», le réalisateur a cru bon changer de titre pour mieux coller à la réalité: «La route d'Istanbul.» Ce film dont le tournage a été effectué entre la Belgique et l'Algérie, raconte l'histoire d'une infirmière, Elisabeth et sa fille Elodie, âgée de 20 ans, qui vivent seules dans leur maison au bord d'un lac reculé en Belgique. Quand sa fille ne rentre pas d'un week-end qu'elle aurait dû passer en compagnie de sa meilleure copine afin de faire des révisions pour leurs examens, Elisabeth ne pense tout d'abord à rien de grave. Elle s'inquiète davantage quand elle apprend plusieurs jours plus tard qu'Elodie serait partie à Chypre avec un certain Kader Slimani. L'hypothèse des vacances inopinées est vite écartée, quand la police informe Elisabeth que sa fille se serait convertie à l'islam et qu'elle aurait suivi son amant pour aller combattre ensemble dans la guerre civile syrienne. Complètement désemparée, la mère ne peut pas se résoudre à l'inéluctable et part par ses propres moyens en Turquie pour retrouver sa fille. Un film émouvant qui atterrit à Berlin en compétition dans la section Panorama, aux côtés des films de Olivier Ducastel et Jacques Martineau «Théo et Hugo dans le même bateau», d'Oliver Schmitz «Shepherds and Bitchers», de Bouli Lanners «Les premiers, les derniers», de Daniel Burman «El rey del once» et de Wayne Wang «While the Women Are Sleeping». Un film qui offra l'opportunité à plusieurs comédiens algériens d'y participer, parmi eux Mourad Khan. Mais la vedette reste une star à travers la composition remarquable d'Astrid Whettnall. Le jury du 66e Festival de Berlin présidé par Meryl Streep, entourée de Lars Eidinger (acteur), Nick James (critique), Brigitte Lacombe (chef op), Clive Owen (acteur), Alba Rohrwacher (actrice) et Magorzata Szumowska (réalisatrice), va devoir choisir entre 18 films de la compétition pour trouver le successeur de Taxi Téhéran de Jafar Panahi. [email protected]