Décidément la montée du salafisme fait fureur en France. La chaîne France 2 a consacré hier sa soirée au débat sur l'islamisme radical, avec une fiction Ne m'abandonne pas» de Xavier Durringer, suivie d'un débat et d'un documentaire. Le film parle de Chama, une élève vive et brillante dont les parents, médecins, sont issus de l'immigration. De confession musulmane, ils sont peu ou pas pratiquants. Une famille qui ressemble à beaucoup d'autres... jusqu'au jour où les parents découvrent que leur fille a épousé Louis. Un jeune homme rencontré sur Internet et converti à l'islam radical, qu'elle s'apprête à rejoindre en Syrie. C'est le début d'un calvaire. Tel est le thème de Ne m'abandonne pas, fiction réalisée par Xavier Durringer et écrite par Françoise Charpiat et Aude Marcle. Interprétée par Samia Sassi et Lina Elarabi - formant le tandem mère-fille fait d'amour et de haine - et par Marc Lavoine et Sami Bouajila dans le rôle des pères déboussolés, cette fiction illustre avec finesse un problème très actuel. Elle sera suivie d'un débat animé par Julian Burgier, réunissant parents d'enfants partis en Syrie, djihadistes repentis, juges et spécialistes pour tenter d'expliquer ce qui attire les jeunes, et les moyens mis en place pour prévenir cette radicalisation. France 2 terminera la soirée avec un documentaire, Les Français, c'est les autres, qui éclaire sur la crispation identitaire et les préjugés de lycéens d'origine maghrébine et africaine qui s'affirment français. Ce n'est pas le seul film consacré à la radicalisation de la jeunesse française. Le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb reste toujours collé à l'actualité. Après London River où il évoquait les attentats de Londres et après La Voie de l'ennemi, où il évoque les effets du 11 septembre dans la société américaine Rachid Bouchareb vient de terminer le film La Route des lacs, sur le parcours atypique d'une jeune femme partie rejoindre l'Etat islamique établi entre la Syrie et l'Irak. Sur un scénario et dialogues rédigés par le quatuor Rachid Bouchareb, Yasmina Khadra, Olivier Lorelle et Zoe Galleron, le film s'ouvre sur la vie d'Elisabeth qui bascule quand la police lui apprend qu'Elodie, sa fille unique de 20 ans, est en route pour rejoindre l'Etat islamique établi entre la Syrie et l'Iraq. Elle est sous le choc et ne comprend pas ce geste car cette guerre n'est pas la leur. Ces deux films ont été réalisés avant même de connaître les chiffres alarmants du ministre de L'Intérieur Cazeneuve, qui a déclaré que 3000 jeunes ont été radicalisés. En effet, le ministre de l'Intérieur estime que le nombre de Français impliqués dans les filières djihadistes a été multiplié par trois en l'espace d'un an et demi: «450 présents en Syrie et en Irak, 350 revenus en France, 350 en transit vers les zones de conflit, et plus de 500 qui ont manifesté des velléités de départ». En ajoutant ce que l'on appelle les cellules dormantes, c'est-à-dire les vétérans du djihad, et ceux, environ un millier, qui provoquent ou appellent au terrorisme sur Internet. Des chiffres qui donnent le tournis et quand on voit le film Mad in France... [email protected]