Le chef de la diplomatie russe «Cette visite n'a pas été programmée dans l'urgence, mais elle était à l'agenda de Monsieur Lavrov depuis déjà plusieurs semaines», indiquent des sources diplomatiques. Alors que des officiels occidentaux, américains et français, deux du Monde arabe dont des Saoudiens et d'Afrique défilent à Alger, l'allié stratégique russe manquait à l'appel. Est-il concevable en effet qu'un partenaire comme la Russie avec lequel l'Algérie partage les mêmes positions quand il s'agit des grands dossiers de la politique étrangère, ne soit pas présent dans ce ballet diplomatique? Au moment où les observateurs allaient se poser ce questionnement, la Russie se manifeste. «Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est attendu lundi prochain en Algérie pour une visite de travail», apprend-on de sources diplomatiques fiables. «Cette visite n'a pas été programmée dans l'urgence mais elle était à l'agenda de Monsieur Lavrov depuis déjà plusieurs semaines», ajoutent les mêmes sources précisant «qu'entre-temps les consultations entre les deux pays ne se sont jamais arrêtées puisque des émissaires s'échangeaient continuellement des informations sur tous les dossiers qui concernent nos deux pays». Cependant, cette visite intervient dans un contexte régional très particulier marqué par l'exacerbation de la crise en Libye. L'attaque menée par l'aviation américaine contre des positions de Daesh, et les signes d'une intervention militaire terrestre occidentale seront passés en revue. La Russie, tout comme l'Algérie, partage le sacro-saint principe de la non-intervention des forces étrangères dans un pays souverain. Les pays occidentaux ne se sont pas encore moralement remis du chaos provoqué par la désastreuse intervention des forces de l'Otan en Libye. A présent, les Européens misent et insistent sur la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye dans l'espoir que ce même gouvernement fasse une demande d'une intervention des forces étrangères. Le dossier sécuritaire dans la région aura la part du lion lors des discussions qu'aura M.Lavrov avec les responsables algériens, dont son homologue Ramtane Lamamra et probablement le président Bouteflika. Bien que l'objet de cette visite revête un cachet sécuritaire, l'aspect économique aura droit au chapitre sachant que les deux pays, grands producteurs de gaz dans le monde, sont en pourparlers avancés par la constitution d'une Opep du gaz. M.Lavrov abordera également l'accord passé par son pays avec l'Arabie saoudite, le Venezuela et le Qatar de geler la production à ses niveaux de janvier. Si la Russie est étouffée au plan économique, son rôle demeure central dans la région du Golfe. En se rapprochant davantage de Moscou, Riyadh tente de contenir son ennemi juré, l'Iran qui fait un retour fracassant sur la scène diplomatique et sur le marché pétrolier. L'Arabie saoudite s'accroche à la Russie comme un naufragé à une planche. Cette question pétrolière et ce dossier russo-irano-saoudien sera également abordé à Alger. De même que seront abordés les échanges économiques qui sont très loin de refléter la qualité des relations stratégiques entre les deux pays. Jusque-là, les échanges commerciaux ont été dominés par l'armement, 1,4 milliard de dollars sur un volume global de 2 milliards de dollars, l'Algérie et la Russie veulent insuffler une autre dynamique à leurs relations économiques. La Russie qui se redéploie sur le marché africain trouvera en effet, comme dans l'armement, un allié stratégique en l'Algérie. En 2013, le volume des échanges entre la Russie et l'Afrique était proche de 5 milliards de dollars. Les principaux partenaires de la Russie sur le continent sont en Afrique du Nord, avec en tête l'Algérie et l'Egypte. La dernière visite de M.Lavrov en Algérie remonte au mois de mars 2001 alors que les forces de l'Otan bombardaient en Libye. Alger et Moscou avaient alors des positions claires, à savoir le rejet de toute intervention dans un pays souverain.