Le Maroc cherche désespérément à empêcher Ban Ki-moon, dont le mandat expire fin 2016, de faire avancer le dossier du référendum pour l'autodétermination Ce qui a singulièrement alarmé le gouvernement marocain et le roi Mohammed VI, qui ont tenté en vain d'obtenir un report de cette visite à juillet prochain, c'est le fait que M. Ban Ki-moon va intégrer dans son rapport une analyse des résultats de sa tournée maghrébine. Le secrétaire général de l'ONU, M.Ban Ki-moon, aura du pain sur la planche, dès le 4 mars prochain, lorsqu'il entamera sa visite à Nouakchott avant de se rendre dans les camps de réfugiés sahraouis. En Mauritanie, le séjour sera bonhomme même si le discours qu'il doit prononcer concernera l'épineux dossier de l'insécurité au Sahel, confronté à la double menace des groupes terroristes et des réseaux maffieux de la contrebande. Le dossier dramatique du Sahara occidental sera, par contre, autrement plus sensible et plus exigeant car, là, il sera question du droit d'un peuple à obtenir son autodétermination. Tout en rencontrant le personnel de l'ONU activant dans la région de Tindouf, une source d'informations utile et appréciable sur les conditions particulières dans lesquelles se trouve le peuple sahraoui depuis plus de quarante ans, M.Ban Ki-moon aura des entretiens avec le secrétaire général du Front Polisario, à Rabouni. Dernier point de cette visite tant attendue par les Sahraouis, il se rendra au camp de la Minurso, déployé à Bir Lahlou, dans le Sahara occidental. Il aura, ainsi, pris le pouls de la situation d'ensemble et cerné les différents aspects du problème, sans oublier le fait que le Maroc a décliné sa venue en le considérant explicitement comme persona non grata. La raison prétendue a trait à l'absence du roi du Maroc, en déplacement à l'étranger, mais personne n'est réellement dupe de la manoeuvre. Rabat est confronté depuis plusieurs mois à des retours de manivelle, de plus en plus sévères, sur son occupation d'un territoire sahraoui au mépris de la légalité internationale. En témoignent les récentes décisions de l'Union européenne qui, malgré le lobbying du palais, a dû prendre acte des dispositions de l'ONU relatives aux ressources du Sahara occidental, exploitées illégalement par le Maroc. Ce qui a singulièrement alarmé le gouvernement marocain et le roi Mohammed VI, qui ont tenté en vain d'obtenir un report de cette visite au mois de juillet prochain, c'est le fait qu'outre la prise en compte de la situation humanitaire des réfugiés sahraouis, M.Ban Ki-moon va intégrer une analyse des résultats de sa tournée maghrébine dans son prochain rapport du mois d'avril devant le Conseil de sécurité de l'ONU sur la question du Sahara occidental. Or, c'est précisément ce que Rabat voulait éviter à tout prix. Lors des entretiens qu'il aura à Alger, les 6 et 7 mars prochain, le secrétaire général de l'ONU va développer l'argumentaire de son rapport. Il le fera d'autant plus volontiers que Ban Ki-moon aura effectué cette tournée sans les deux escales de Rabat et de Laâyoune qui abrite le siège de la Minurso, le Maroc ayant refusé de donner une réponse positive aux propositions de l'ONU concernant les entrevues nécessaires avec les responsables marocains. Avec l'appui de la France qui agit, méthodiquement, au Conseil de sécurité pour bloquer les initiatives de nature à restaurer le peuple sahraoui dans son droit légitime, le Maroc cherche désespérément à empêcher Ban Ki-moon, dont le mandat expire fin 2016, de faire avancer le dossier du référendum pour l'autodétermination. En outre, les soutiens sionistes devraient concourir, espère-t-il, à lui apporter un soutien inespéré lors du changement à la Maison-Blanche, en novembre prochain. Cette fuite éperdue en avant des autorités marocaines se heurte à la détermination réaffirmée de l'Algérie d'oeuvrer sans relâche «à la stricte mise en oeuvre de la doctrine des Nations unies dont sont justiciables les pays et les peuples coloniaux» vis-à-vis desquels la responsabilité de l'ONU est pleinement engagée, sachant que la justice et la paix sont nécessaires pour une paix et un développement de la région maghrébine profitables à tous les peuples de la région.