Les cas de violence se multiplient ces derniers jours un peu partout dans les établissements scolaires. Zougar Chamssedine, élève dans le palier primaire ne rejoindra plus jamais les bancs des classes de son école sise à Hai Nedjma, ex-Cheteibo. Pour cause, il vient de rendre l'âme après avoir été mortellement poignardé par un autre élève de la 4e année primaire. Tout a commencé hier matin, lorsque les deux élèves se sont livrés à une altercation verbale qui a vite fait de tourner au drame. Peu de temps après cette prise de becs, l'élève tueur, armé d'une arme blanche, revient sur les lieux de la dispute et s'en prend à sa victime, en lui assénant plusieurs coups dans plusieurs parties de son corps. Pris de panique, la victime tentant de courir dans tous les sens, en vue d'éviter son tueur, n'a malheureusement pas résisté aux larges plaies provoquées par la lame ayant tranché plusieurs parties de son corps. Après une courte course de quelques mètres, la victime, se vidant de son sang et perdant toutes ses forces et son équilibre, tombe sur les lieux du crime où elle a rendu l'âme, tout près de son école. Le tueur, lui, prend la fuite laissant sa victime gisant dans une mare de sang. L'élève tueur a été aussitôt rattrapé par son parent qui le remit aux gendarmes de la brigade de Cheteibo qui se sont tout de go dépêchés sur les lieux du crime et ont procédé à l'ouverture d'une enquête. Ce n'est là n'est qu'un petit exemple d'une violence qui s'exerce quotidiennement un peu partout dans les écoles algériennes. Plusieurs autres cas d'agressions perpétrées contre les élèves ont été déplorés dans plusieurs écoles d'Oran. Des élèves rejoignent les classes enfouissant dans leurs cartables des objets contendants qu'ils exhibent à la moindre altercation avec autrui. D'autres, se livrent à la consommation de la drogue. Le directeur de la direction de l'éducation d'Oran a, en se confiant à L'Expression, fait plusieurs aveux sur des élèves qui se droguent. Les violences scolaires de toutes les formes se multiplient ces derniers jours un peu partout dans les établissements scolaires déstabilisant ces lieux destinés au transfert du savoir. Plus d'un, notamment des enseignants et professeurs, sont unanimes à dire qu'une marge importante de cette responsabilité est imputable aux parents qui sont partie prenante de la déliquescence et de la décrépitude de l'école algérienne. Un tel phénomène n'est pas un si simple point de vue. L'école algérienne d'aujourd'hui a totalement perdu son aura d'antan où le respect et la pudeur étaient maîtres des lieux. Si des élèves sont passés à l'acte fatal, c'est qu'un malaise existe bien quelque part. «Plusieurs dizaines d'enseignants ont été menacées. Leur détresse n'a jamais été prise en charge ni encore moins prise en compte malgré l'alerte donnée à plusieurs reprises», dira un professeur du lycée Lotfi. Ces violences commencent souvent verbalement avant de finir par des brutalités physiques dont sont victimes des enseignants», dira un autre professeur du lycée Ben Badis. À l'instar du reste du pays, l'instituteur ou le professeur ne risque plus de passer pour prophète vu la violence acerbe qu'il subit fréquemment. Les parents, hélas, conscients des dérapages de leurs enfants désapprouvent leurs comportements brutaux mais souvent ne jugent pas utile de les corriger, malgré leur tendance agressive. Cette brutalité se manifestant vis-à-vis des enseignants et souvent entre élèves sont de visu perceptibles à l'occasion des examens. Profitant de l'occasion de notre présence devant le lycée, un adjoint d'éducation dira «opter tout bonnement pour déposer son congé de maladie à l'approche de chaque examen». Sinon, déplore-t-il, «les ossements'' de mes parents feront l'objet de toutes formes d'insultes et d'injures en surveillant rigoureusement les devoirs et les compositions». Sur sa lancée, il a ajouté d'un ton écoeurant que «les professeurs sont livrés à leur triste sort dépourvus de la toute petite assistance administrative». C'est dire que les enseignants sont aujourd'hui conquis par les élèves tout-puissants agissant en petits bonhommes qui bénéficient de l'impunité totale en commettant des agressions verbales ou physiques. Les problèmes de l'école reflètent le véritable malaise de la société à prendre sérieusement en charge. Quelle est cette institution qui serait apte à jiguler de tels problèmes gangrenant la société en perte d'unité et de cohésion sociales? La question reste posée.