Les professeurs de plusieurs lycées de la capitale ont observé hier lundi, un arrêt de travail d'une heure à l'appel du Conseil des lycées d'Alger (CLA) pour protester contre la violence en milieu scolaire. Le mot d'ordre d'arrêt de travail a été observé entre 10 h et 11 h. Les enseignants du secteur public ont organisé un débrayage d'une heure hier, au niveau de tous les lycées du pays à l'appel du CLA. «Il s'agit d'une action visant à attirer l'attention de l'opinion publique et des pouvoirs publics sur la gravité de la violence de l'agression des enseignants par leurs propres élèves. Il est temps de dénoncer l'absence flagrante de rigueur et de sanctions a l'égard des agresseurs», nous dira le directeur d'un lycée à Alger-Centre. A travers cette action, le CLA veut se mobiliser afin de dénoncer ce phénomène qui gangrène l'école. Le syndicat des enseignants s'engage à continuer sa lutte contre ce phénomène étranger à notre société. Quels sont les facteurs qui ont mené à la détérioration de la relation enseignant-élève ? Et quels sont les moyens susceptibles de mettre fin à la violence des élèves contre leurs enseignants ? Epineuses questions que seuls les psychologues et les sociologues sont en mesure de faire une analyse objective et bien argumentée. Que pensent les élèves de ce débrayage ? «Les enseignants ne nous traitent pas bien. Ils s'absentent souvent, n'expliquent pas bien les cours et se permettent en plus de donner de mauvaises notes. Il est vrai que certains élèves dépassent les bornes», dira un élève de 15 ans avec une froideur déconcertante. Certains parents estiment que les enseignants ont du mal à tenir une classe indiciplinée et qu'ils ont donc besoin de travailler sur la psychologie et d'être formés pour cela. De la même façon, il faut libérer du temps pour la vie d'équipe au sein de l'école et la communication avec les parents. De leurs côtés, les enseignants affirment être dépassés par les événements. «Les élèves n'ont plus aucun respect pour leurs professeurs. Cela fait des années que les choses ont commencé à se dégrader, il y a eu d'abord la période où l'agression était juste verbale et aujourd'hui elle est physique», confie, Fatiha, enseignante de français depuis 20 ans. Et d'ajouter : «Ce phénomène ne touche pas uniquement les garçons, même les filles s'y mettent. L'autre jour, une élève a jeté une chaise sur son enseignant qui lui a demandé de quitter la classe pour cause de turbulence». Toutefois, les enseignants ne sont pas les seules victimes. Bien souvent, les surveillants généraux, voire les directeurs d'établissements sont la cible des élèves en colère. N'importe quelle remarque, ou critique qu'on leur fait, peut engendrer un acte de violence physique ou verbale. Ils ne se contrôlent plus et n'ont plus aucune considération pour le corps enseignant», souligne Mohamed, surveillant général dans un lycée sur les hauteurs d'Alger. Toutefois ce qui révolte les enseignants, c'est qu'aucune mesure ne soit prise contre les élèves récalcitrants. «Personne ne veut mettre en péril l'avenir de ces jeunes, surtout que l'on est conscient que cette phase de violence peut être passagère. Tout ce qu'on peut faire au niveau de l'administration c'est d'organiser un conseil de discipline ou demander à l'élève en question de changer d'établissement», confie le directeur d'un lycée. Les faits de violence sont devenus une réalité préoccupante dans l'école, lieu longtemps protégé. Les atteintes à l'intégrité physique et morale des enseignants et plus généralement des personnels nécessitent un renforcement des dispositifs destinés à assurer, par tous les moyens de droit, la sécurité dans les établissements scolaires. Un grand nombre d'enseignants n'a pas vécu de violences qualifiées de graves comme les atteintes physiques avec blessures ; mais à ce stade là, il est fort possible que certains d'entre eux seront à leur tour confrontés, un jour, à des violences verbales ou plus...