«Les citoyens ainsi que les gros consommateurs d'eau seront forcés de payer les redevances.» En s'exprimant sur la question portant hausse des prix de l'eau, adoptée récemment par le conseil du gouvernement, M. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, estime que «c'est une augmentation relativement légère d'autant plus que l'Algérie n'a pas connu de hausse depuis une dizaine d'années». Le prix de l'eau est, rappelons-le, fixé à 2,50 DA le m3 et à 1 DA pour la taxe d'assainissement, tandis que, fera remarquer l'invité de la Chaîne III, le coût réel de ce liquide vital revient à 25,80 DA. Se basant sur le fait que l'Etat assure, depuis l'indépendance, les coûts de la production et de la distribution, M.Sellal dira aussi que «l'eau est fournie gratuitement par l'Agence nationale des barrages». Les répercussions, ajoute-t-il, devraient être à hauteur de 50 à 60 DA le m3. Par ailleurs, l'orateur s'explique en disant que «l'Etat ne peut pas aller plus loin car le consommateur ne sera décidément pas capable d'assumer des charges plus lourdes». Tout en continuant d'argumenter l'attitude du gouvernement, M. Sellal fait référence aux Allemands qui, selon lui, paient l'eau plus cher que les Algériens, soit un équivalent de 400 DA le m3 et 500 DA pour la taxe d'assainissement. D'après lui, il n'y aura pas une possible autre hausse, d'autant plus que celle-ci, examinée et acceptée par la chefferie du gouvernement, intervient, dit-il, sous forme d'équilibre. «C'est plutôt une manière de dire à l'agence qu'on lui a amélioré le prix, et à elle maintenant d'améliorer les coûts et les modes de gestion», indique le ministre dans un langage plus clair. Mieux, l'invité de la Radio Chaîne III dira que cette augmentation est prévue dans le cadre de la nouvelle loi de finances 2005. «Les citoyens ainsi que les gros consommateurs d'eau seront forcés de payer les redevances», assure le ministre. Et d'ajouter que dans le cadre du nouveau code des eaux, «l'Etat est allé plus loin afin de régler énormément de problèmes». C'est-à-dire, de nouvelles prérogatives sont attribuées à la police des eaux. Mieux encore, la police judiciaire pourra intervenir et dresser des PV et à la justice les pouvoirs d'alourdir les amendes et saisir le matériel de tous les consommateurs illégaux, surtout que le taux de fuite est de 30 à 40% au niveau de l'Algérois. Du moins, c'est le taux avancé par le ministre des Ressources en eau. Pour remédier à cette situation, le département de M.Sellal s'apprête à mettre en place un nouveau système de gestion en collaboration avec des grands gestionnaires étrangers. «Nous allons sur une gestion déléguée sur une durée de 5 ans et au bout de ce laps de temps, nous ouvrirons le secteur à la concurrence internationale». D'après le pourcentage donné par le ministre, le taux de remplissage des barrages est présentement à hauteur de 40 à 41%. «La situation est jugée favorable à l'est et au centre du pays, tandis qu'à l'ouest, des problèmes se sont manifestés mais l'on s'achemine droit vers une sécurisation certaine», a-t-il expliqué. Le conférencier a révélé l'existence de 21 stations de dessalement de faibles capacités dont 15 fonctionnent normalement. D'autres projets figurent sur l'agenda du ministère, y compris celui relatif au pompage de l'eau d'In Salah vers Tamanrasset et les Hauts-Plateaux. L'objectif est de garantir la production de 5 milliards de m3/an au Sahara. «C'est très possible surtout lorsqu'on sait que les réserves souterraines sont de l'ordre de 60000 milliards de m3», avoue le ministre. L'eau dessalée coûtera à l'Etat 58 à 60 DA/m3. Quant à l'eau souterraine, elle sera également de l'ordre de 58 DA/m3. A la question d'un journaliste qui évoquait l'existence de sociétés de production d'eau minérale travaillant à contre-courant des normes admises, M.Sellal indique que son département a mis en place une réglementation et une commission d'enquête afin de faire la lumière sur cette question précise. Il assure par ailleurs qu'aucun retrait d'agrément ne sera décidé, mais plutôt des rappels à l'ordre. En outre, le contrat de gestion de l'approvisionnement en eau potable de la ville d'Alger sera conclu à la fin du mois de janvier en cours entre l'Algérienne des eaux et l'entreprise française Suez, a indiqué M.Abdelmalek Sellal. «Il s'agit d'une gestion déléguée et non d'une concession, puisque l'Etat reste propriétaire des ressources hydriques», a expliqué le ministre. Le contrat, d'une durée de cinq ans, prévoit la réfection du réseau et sa gestion ainsi qu'un transfert des technologies correspondantes.