Le chef du gouvernement tunisien Habib Essid s'est rendu hier matin à Ben Guerdane, ville proche de la frontière libyenne où une attaque jihadiste sans précédent par son ampleur a visé les forces de sécurité il y a six jours. Des dizaines d'assaillants lourdement armés avaient visé le 7 mars à l'aube la caserne militaire ainsi qu'un poste de police et un poste de la garde nationale dans cette ville de 60.000 habitants toute proche de la frontière. Les autorités ont parlé d'une attaque sans précédent, «coordonnée, organisée». Dans les assauts et les opérations sécuritaires qui ont suivi, 49 «terroristes», 13 membres des forces de l'ordre et sept civils ont été tués selon un bilan officiel. Neuf assaillants ont également été arrêtés. M. Essid s'est rendu tôt hier à Ben Guerdane à bord d'un avion militaire, selon des images publiées par la présidence du gouvernement. Il devait ensuite visiter les postes de la police et de la garde nationale, d'après des médias tunisiens. Dans la foulée de l'attaque, Ben Guerdane a été placée sous couvre-feu nocturne et les points de passage avec la Libye ont été fermés jusqu'à nouvel ordre. La ville a été quadrillée par l'armée et la police, qui poursuivaient la traque du reste des assaillants et de complices présumés. Ces assauts n'ont pas été revendiqués jusqu'à présent mais les autorités les ont imputés au groupe extrémiste Etat islamique (EI), accusé de chercher à créer un «émirat» dans cette région frontalière de la Libye, où le chaos depuis la chute du guide libyen Mouammar El Gueddafi a permis l'essor des jihadistes. Depuis la révolution de 2011, la Tunisie est confrontée à l'expansion d'une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et de soldats ainsi que de touristes, mais les attaques de lundi dernier sont sans précédent par leur ampleur. Samedi, M.Essid a appelé ses concitoyens à faire des dons au Fonds national de lutte contre le terrorisme, auquel le président Béji Caïd Essebsi a donné un mois de salaire, «une participation symbolique afin de soutenir les institutions sécuritaires et militaires» selon la présidence.