L'attentat commis dimanche soir n'a pas été revendiqué, mais les autorités turques ont pointé du doigt la piste des rebelles kurdes. La Turquie a bombardé hier à l'aube les camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) situés dans le nord de l'Irak en représailles à un nouvel attentat à la voiture piégée, le deuxième en moins d'un mois à Ankara, qui a fait au moins 36 morts. Quelques heures après cette attaque en plein coeur de la capitale turque, une dizaine de chasseurs-bombardiers ont pilonné les bases des rebelles kurdes dans les montagnes de l'extrême-nord irakien, dans les secteurs de Kandil et Gara, a annoncé l'état-major. «Nous pensons que l'un des responsables est une femme ayant des liens avec le PKK», a affirmé sous couvert de l'anonymat un responsable turc. Selon la presse turque, cette femme a été identifiée par ses empreintes digitales comme Seher Cagla Demir. Si sa cible, des civils, marque une nette escalade, l'attentat de dimanche soir rappelle par son mode opératoire celui perpétré il y a un peu plus de trois semaines dans le même quartier d'Ankara. «Nous avons des informations concrètes sur le groupe terroriste à l'origine de l'attaque», a ainsi déclaré le Premier ministre Ahmet Davutoglu, sans autre détail. Les dirigeants avaient été très prompts à attribuer l'attentat du 17 février aux kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), avec le soutien du PKK. Ces deux mouvements avaient catégoriquement rejeté ces accusations. Jusqu'à la trêve instaurée le 27 février sur le front syrien, Ankara a bombardé à de multiples reprises les positions tenues en Syrie par les YPG, qu'elle considère comme affiliées au PKK qui mène la rébellion sur son sol depuis 1984. Les Etats-Unis ont «fermement condamné» dimanche cette attaque, et «réaffirmé leur partenariat solide avec la Turquie (...) dans le combat contre la menace commune du terrorisme», selon le porte-parole du département d'Etat, John Kirby. L'ambassade des Etats-Unis en Turquie avait alerté vendredi ses ressortissants sur une «possible attaque terroriste» à Ankara visant «des bâtiments du gouvernement turc». Depuis l'été dernier, de violents combats ont repris entre les forces de sécurité et le PKK dans de nombreuses villes du sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes. Ils ont fait de nombreuses morts dans les deux camps et tué des dizaines de civils. Ces affrontements ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement turc avec le PKK à l'automne 2012. «Le 'soulèvement'' lancé par le PKK n'a pas marché. Même la population kurde s'est distanciée de ses opérations dans les villes du sud-est anatolien», a commenté Can Acun, de la Fondation turque pour les recherches politiques, économiques et sociales (Seta). «Frustré, le PKK semble avoir opté pour des actes retentissants».