Le bilan est lourd : 36 morts, dont l'un des auteurs de l'attentat, et 125 blessés, selon le ministre de la Santé Mehmet Müezzinoglu. Dans l'œil du cyclone, la Turquie d'Erdogan, qui a rallié l'été dernier la coalition internationale et procédé au démantèlement des cellules de Daech, paie-t-elle le prix de son engagement dans le bourbier syrien ou s'agit-il des retombées de la guerre civile qui l'oppose au PKK qualifié de groupe terroriste ? La problématique de la Turquie à l'épreuve du terrorisme, dictant le bras de fer avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'offensive de Daech lançant, le 10 octobre 2015, l'un des attentats les plus sanglants (103 morts), dans la gare centrale d'Ankara en pleine manifestation des militants kurdes, traduit les incertitudes d'un régime pointant il y a peu l'index sur le PKK et ses alliés syriens des Unités de protection du peuple (YPG) et désormais plus circonspect sur l'identité des auteurs de l'attentat. « Nous avons des informations concrètes sur le groupe terroriste à l'origine de l'attaque », a déclaré le chef du gouvernement Ahmet Davutoglu dans un communiqué. Il a ajouté que « nous aurons très rapidement les résultats complets de l'enquête et nous les rendrons publics ». Dans leurs premières réactions, le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre ont ainsi écarté la piste kurde avant d'être de nouveau évoquée par un responsable turc. Le deuxième kamikaze serait une femme, Seher Cagla Demir, liée au PKK. La riposte a été immédiatement décidée par le président Erdogan dénonçant les « attaques contre l'unité de notre pays et notre peuple » et affirmant le « droit à la légitime défense contre toute menace terroriste ». Quelques heures à peine après cette attaque, une dizaine de chasseurs-bombardiers a mené une série de frappes contre plusieurs bases des rebelles kurdes dans les montagnes de l'extrême-nord irakien, dans les secteurs de Kandil et Gara, a annoncé l'état-major. La « sale guerre » est de retour. Elle rythme, à l'heure de la multiplication des attentats, la bataille du sud destinée à déloger les rebelles kurdes des zones urbaines de Sur, Cizre, Silopi, Yuksekova, mais également de Nusaybin et Sirnak soumises à un couvre-feu. Face à la menace terroriste, la communauté internationale a été prompte à déclarer l'entière solidarité avec la Turquie. Les Etats-Unis, mettant en garde, vendredi dernier, ses ressortissants sur une « possible attaque terroriste » à Ankara visant « des bâtiments du gouvernement turc », a tenu à réaffirmer leur « partenariat solide avec la Turquie ». De son côté, le président russe Vladimir Poutine a condamne fermement « l'attaque terroriste brutale à Ankara ». Mais qui arrêtera ce terrible engrenage de la violence dans toutes ses formes ?