img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160317-11.jpg" alt=""L'Etat doit protéger l'espace public"" / L'Expression: Un groupe de religieux a squatté l'espace public pour prêcher des discours extrémistes à l'adresse de la population. Quelle est votre réaction? Saïd Salhi: Effectivement, c'est une action d'une extrême gravité qui s'est déroulée en plein jour et en public à proximité de la mosquée Ibn Badis à Béjaïa, un groupe d'individus non identifiés, habillés en Afghans, ont occupé la place publique pour s'adonner à un prêche religieux. Selon nos informations, il s'agit d'un groupe appartenant à la phalange «Daâwa wa tebligh», qui se revendique de la décennie noire qui a la réputation de produire des prêches incendiaires. Notre ligue a l'habitude de traiter toute question avec pragmatisme et objectivité. A cet effet, on se demande pourquoi le choix de cette place jouxtant l'une des plus anciennes mosquées, sise au centre-ville, sur une artère qui connaît une grande affluence à longueur de journée. Si c'est une activité d'ordre religieux pourquoi ne pas la tenir à l'intérieur de la mosquée et surtout quel message veut-on faire passer? On s'interroge sur l'absence des services de sécurité et leur passivité devant cette situation. Comme les espaces publics sont du ressort et de la responsabilité de l'Etat, ce dernier doit veiller à ce que les espaces publics gardent leur vocation. Un espace purement citoyen, qui doit être loin de tout monopole, surtout lorsqu'il vient de la part des groupes à «connotation religieuse et de surcroît radicale. L'expérience de la décennie noire nous a appris beaucoup de choses et les séquelles restent encore vivaces.» La section de Béjaïa de votre ligue (Laddh) compte tenir une réunion aujourd'hui (hier à 16h) en son siège, qu'est-ce qui a motivé votre réaction? Vous savez, depuis les évènements de Ramadhan des dernières années nous accompagnons un comité pour la sauvegarde des espaces publics dans ses activités. Un comité en veille, qui reste d'ailleurs ouvert pour alerter qui de droit à chaque fois qu'il y a atteinte mais aussi l'utilisation des espaces publics pour autre chose que sa vocation première. Ce sont des initiatives citoyennes afin d'interpeller les pouvoirs public sur la dangerosité de ce genre d'actions qui peuvent engendrer des dérapages, voire même des violences, car tout extrémisme en appelle un autre. Vu la situation actuelle dans un contexte mondial, sous-régional, régional et national, marqué par la recrudescence de l'intégrisme religieux, voire même du terrorisme religieux, il est de notre devoir de prendre nos responsabilités pour anticiper sur des choses qui nuisent à notre pays, notre région ou tout simplement notre espace public commun. Quelle action recommandez-vous dans de pareilles circonstances? La vigilance est vraiment de mise. Il faut traiter la question avec objectivité et surtout loin de tout affrontement. Car au risque de me répéter, l'extrémisme engendre un autre. Nous sommes dans une République avec ses propres lois. L'Etat est garant de la sécurité des biens et des citoyens et surtout de la défense des espaces publics pour leur première vocation Face à cette provocation, la Laddh rappelle que l'Etat est garant du respect du droit de culte dans des lieux appropriés, mais loin des subversions publiques qui nous rappellent une triste réalité.