Le signataire des accords d'Evian Sa vie se résume à un foisonnement d ́espoirs et de désillusions qui ont mené l ́Algérie à la liberté. Il aura donné sans compter et sans calcul à une patrie martyrisée pour qu ́elle retrouve sa dignité. Elle ne le lui a rendu que mesquinement. La date du 19 Mars vient rappeler dans un contexte sécuritaire très particulier aux frontières, le dur combat et le long chemin qui a conduit l'Algérie à l'Indépendance. Un message posthume délivré aux Algériens à un moment où la cohésion et la sécurité du pays sont plus que jamais menacées. Le nom de Krim Belkacem demeure à ce titre une référence et reste intimement lié à cette Algérie une et indivisible dont ont rêvé lui et ses compagnons d'armes. Retour sur des négociations qui auront duré plus de dix mois. 20 mai 1961, il est près de 11h du matin. Le soleil s ́est déjà levé sur la ville d ́Evian, (Haute-Savoie, France). L ́hôtel du Parc reçoit les deux délégations algérienne et française. Il s ́agit de mettre fin à une colonisation féroce qui a duré plus de 130 ans. Les négociations peuvent commencer, mais sans témoin. Que veut-on cacher au monde? Cette plaie béante qui s ́appelle Algérie, solidement accrochée et tatouée au fronton de la patrie des droits de l ́homme? Ou bien, tout simplement, la détermination farouche d ́indépendance d ́une poignée de jeunes Algériens emmenés par celui que l ́on surnomma «Le Lion des djebels»? A ce moment-là, personne ne savait que le sort du mythe de l ́Algérie française était désormais définitivement scellé. L ́homme qui préside la délégation algérienne, est entouré de compagnons de lutte, jeunes et brillants. Krim Belkacem et son équipe, composée de Mohamed Seddik Benyahia, Réda Malek, Tayeb Boulahrouf, Ahmed Boumendjel, Saâd Dahlab et Ahmed Francis, ne cèderont pas d ́un pouce. Krim Belkacem annonce la couleur. Il sera sans concession. Comme à la première heure. Celle où il a décidé de se donner corps et âme pour l'indépendance de cette terre qui l'a vu naître et à laquelle il a tété son désir d'émancipation. Elle portera l'empreinte de ses ancêtres berbères. Celle de Massinissa et de Jugurtha. Il livrera son dernier combat contre l'ennemi. Pour une Algérie libre. De Tamanrasset à Alger. De Annaba à Maghnia...C'est autour de cet objectif atteint au prix de sacrifices et du don de soi que s'est forgée l'unité du pays en proie aujourd'hui à des divisions nées de débats à caractère «sécessionniste» voilant à peine des intérêts individuels. Un combat que devraient méditer ceux qui, allégrement et en toute inconscience, ont tendance à hypothéquer cette liberté arrachée par de jeunes Algériens sortis à peine de l'adolescence, qui n'ont pas hésité un seul instant à faire don de leur vie. C'est dans cette lignée que s'inscrit le parcours de Krim Belkacem. Celui d ́un homme qui aura tenu le maquis près de dix ans avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954.Il aura incarné à lui seul toutes les fièvres et les soubresauts qui auront jalonné le Mouvement de libération nationale, et particulièrement de l ́une de ses étapes les plus cruciales, la fin du PPA-Mtld et la chute de son chef historique, Messali Hadj. Héros de la guerre de Libération nationale. Krim Belkacem, «Si Rabah», incarne à plus d'un titre, l ́un des plus fabuleux combats menés par un révolutionnaire algérien contre le colonialisme français et l'impérialisme pour la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes... Le nif et le baroud. Sa vie se résume à un foisonnement d ́espoirs et de désillusions qui ont mené l ́Algérie à la liberté. Il aura donné sans compter et sans calcul à une patrie martyrisée pour qu ́elle retrouve sa dignité. Elle ne le lui a rendu que mesquinement.