La situation est réellement préoccupante La menace est réelle et ce ne sont pas ces deux terroristes et leur armement qui réduirait de l'état d'alerte de l'armée. Après l'attaque de Ben Guerdane en Tunisie, les groupes terroristes agissant dans la région ont tenté de lancer une autre attaque en Algérie. Ainsi, après les coups de filet des services de sécurité dans plusieurs endroits du pays et notamment au sud du pays, des éléments armés ont réussi à traverser les mailles du filet sécuritaire et tirer des roquettes contre une installation gazière à Ménea, plus précisément dans la localité de Krechba, à 850 kilomètres au sud d'Alger. Selon des sources sécuritaires reprises par l'APS. Le nombre de terroristes qui ont organisé l'attentat était de deux seulement. Quant à l'arme utilisée, il s'agit d'un lance-roquettes de fabrication artisanale (habhab). C'est-à-dire très peu performante pour que les assaillants espèrent faire mal au site ciblé. Il reste néanmoins que contrairement à ce qu'avancent certaines personnalités de l'opposition qui parlent de «chantage à la sécurité», la situation est réellement préoccupante dans le sud du pays et notamment aux abords des sites gaziers. Tout le monde conserve encore en mémoire l'attaque de Tiguentourine qui a failli tourner au drame national, n'était-ce la prompte réaction des éléments de l'ANP qui ont mis fin rapidement à une gigantesque prise d'otages qui allait finir dans un bain de sang insoupçonnable. Il faut dire que depuis cette attaque, l'armée a renforcé sa présence dans et autour de l'ensemble des sites de production d'hydrocarbures, ce qui rend la tâche extrêmement difficile aux groupes terroristes. Le caractère artisanal de l'attaque d'hier illustre assez bien l'incapacité des criminels de se rapprocher des sites-cibles en nombre important et bien armés. La pression sécuritaire imposée par l'ANP rend leur déplacement très problématique dans toute la région, mais l'épisode de Ménea montre néanmoins une grande détermination de ces groupes à mettre l'Algérie sur la liste des pays à déstabiliser. C'est dire que si l'impact des actions terroristes dans le Grand Sud est dérisoire, c'est certainement parce que l'Armée populaire nationale suit un plan de défense très performant et non pas que la menace est assez faible, comme le disent certains. En fait, cette attaque au «habhab» est tout ce que les terroristes peuvent faire actuellement pour nuire à l'économie du pays. Mais cela ne veut pas dire qu'un plan d'attaque autrement plus sophistiqué n'est pas ourdi quelque part contre une autre installation gazière ou pétrolière. La menace est réelle et ce ne sont pas ces deux terroristes et leur armement qui réduirait de l'état d'alerte de l'armée au niveau des frontières du pays et autour des sites de production d'hydrocarbures, notent les observateurs. Abdelhamid Larbi, ancien officier du DRS et spécialiste de la lutte antiterroriste estime en effet, que cette attaque ne visait pas prioritairement à faire des victimes. «Je pense que c'est une diversion de la part des groupes terroristes. Ils veulent détourner l'attention des services de sécurité.» Qui dit diversion dit que le gros de la troupe est retranché et attend le moment opportun pour passer à l'action. Cette thèse est certes, inquiétante, mais elle figure sur les tablettes des services de sécurité comme une option très probable que l'ANP prend certainement très au sérieux. Mais cette explication n'est pas la seule. Abdelhamid Larbi développe une autre théorie qui suppose que cette attaque peut également être interprétée comme «une mise en garde d'une puissance étrangère qui a intérêt à l'affaiblissement de l'Algérie. Le message pourrait dire ceci: si vous persistez dans votre politique, vous ne serez pas à l'abri d'un autre Tiguentourine», affirme notre interlocuteur. Quelle que soit la thèse, il reste évident que la menace terroriste n'est pas du tout négligeable, bien au contraire. Une menace qui ne faiblira pas de sitôt, tant que «la Libye voisine, actuellement zone de repli et d'entraînement des terroristes, demeure sans gouvernement et sans plan de lutte efficace contre le terrorisme», ajoute Abdelhamid Larbi. Enfin, le ministère de la Défense a, dans un communiqué rendu public hier, relevé que «2 obus de fabrication artisanale sont tombés, hier matin, près du poste de contrôle d'un site de la Société nationale Sonatrach, à Kerichba à 200 kilomètres au sud-ouest d'El Ménea, sans causer de perte humaine ou matérielle, a indiqué le ministère de la Défense nationale». Le même communiqué souligne que «la réaction rapide du détachement de l'Armée nationale populaire en charge de la protection du site a mis en échec cette tentative d'attentat terroriste et il a été procédé immédiatement au bouclage de la zone et une opération de recherche et de fouille a été déclenchée avec emploi des moyens appropriés, dont des hélicoptères».