L'abattoir avicole, un investissement lourd et une chaîne d'abattage à la pointe de la technologie, tourne actuellement à moins de 25% de sa capacité réelle, à cause de la concurrence débridée des abattoirs clandestins qui le privent de près de trois quarts des parts du marché local. «Ces clandestins de gros sont en nombre indéterminé, travaillant seulement de nuit, ils défient quotidiennement le décret ministériel 96/99 réglementant l'abattage des volailles et mettent sur le marché quelque 3.000 poulets/jour, ne répondant pas au moindre critère de sécurité alimentaire. » Se soustrayant à toutes les charges fiscales et sociales, les acteurs de cette économie souterraine ont, en guise d'outils de production, une grande cuvette chauffée au gaz butane et un appareil pour déplumer les volailles de fortune sur lesquels travaillent quelques personnes dans l'obscurité la plus totale. Selon un responsable de l'AAL, le seul moyen pour stopper les clandestins qui échappent aux jeux des contrôleurs, car opérant seulement la nuit, est d'empêcher leurs produits d'entrer sur le marché, en «exigeant des restaurateurs et bouchers (leurs principaux clients) les factures d'achat et le certificat vétérinaire». De son côté, l'inspecteur vétérinaire de Larbaâ confirme l'inquiétante prolifération des «tueries» clandestines, insistant sur les difficultés d'identification de ceux qui s'y ardonnent, car activant dans des locaux privés alors qu'ils changent de temps à autre. Toutefois, de récentes mesures ont été décidées par le comité de wilaya de prévention pour éradiquer ce phénomène, un véritable fléau pour la santé publique, par le renforcement de la brigade mixte. Si le prix sorti de l'usine du poulet entier est présentement élevé (185 DA le kilo contre 160 DA à la consommation chez les bonnes boucheries) l'écart reste plus que justifié pour les cadres d'une unité agroalimentaire qui estiment que le produit n'est pas le même pour plusieurs paramètres. «Notre produit est exclusivement de la viande blanche alors que celui vendu par les bouchers inclut le gésier, le foie, les viscères et les pattes qui sont nettement moins chers ou simplement bons à jeter et que le vendeur prend soin d'enlever après évidemment... la pesée. C'est-à-dire après les avoir fait au préalable payer par le consommateur», précisent-ils. Ils estiment en outre que cette pratique de vente du poulet avec les viscères expose le consommateur à des risques d'intoxication dus à la putréfaction très rapide des entrailles.