Vallée Viandes, l'un des principaux fournisseurs de viande fraîche importée, dispose de l'unique complexe d'abattage privé en Algérie. La FAO, l'Organisation mondiale de l'alimentation, estime que les prix des viandes rouges pratiqués en Algérie restent parmi les plus élevés à l'échelle de la planète. Le kilogramme de viande bovine, souligne cette organisation, se situe entre 600 et 700 DA. Une telle situation a pour origine une production locale dont les tarifs fluctuent au gré des circonstances, à savoir le mois de ramadan, la période estivale… Les services concernés au ministère de l'Agriculture indiquent qu'un tel niveau des prix et les leurs fluctuations s'expliquent par une absence quasi totale de la concurrence et par le fait que le consommateur algérien ne fait pas confiance à la viande importée sous prétexte qu'elle n'est pas hallal. À cela il faut ajouter la consommation moyenne annuelle par habitant qui se situe entre 11,4 kg alors que dans d'autres pays, elle est estimée à 73 kg. En dépit d'un budget spécial destiné pour le soutien de la production des viandes rouges en Algérie et nonobstant le niveau assez faible de la consommation, la production locale et la viande congelée n'arrivent à satisfaire que 65% des besoins des citoyens. Par ailleurs, un rapport établi par un des opérateurs actifs sur le terrain révèle qu'une bonne partie des viandes fraîches consommées provient d'abattages illicites ou clandestins, qui ne sont, par conséquent, pas soumis au contrôle sanitaire exigé par la législation en vigueur. Ainsi, le consommateur est donc exposé à tous les risques de maladie ou de contamination. Devant une telle situation, un investisseur national a décidé de créer l'unique complexe d'abattage privé en Algérie suivant les procédures de saignées, selon le rite musulman, dénommé Sarl Vallée Viandes implantée à Akbou dans la wilaya de Béjaïa. La création de ce complexe qui a eu lieu en 2001 s'est effectuée après étude du marché et des besoins nationaux. Le coût d'investissement de ce projet s'élève à 258 000 000 DA. “Répondant rigoureusement aux normes européennes et algériennes dans sa conception et son process, notre abattoir est doté d'équipements sophistiqués et d'une chaîne de froid garantissant la mise à disposition du consommateur d'un produit répondant aux dispositions législatives et réglementaires relatives à la prévention et la préservation de la santé des citoyens”, affirmera M. Batouche Ramdhane, principal responsable de cette structure. Les dirigeants de cet abattoir se sont imposés le respect strict des règles et normes d'hygiène en vigueur avec l'assistance et sous le regard vigilant et permanent des vétérinaires assermentés et habilités par les services du ministère de l'Agriculture. Cet investissement a été consenti, estime M. Batouche, par rapport aux capacités des abattoirs des régions centre et est du pays qui sont soit saturés ou dotés d'équipements de production et d'infrastructures en état d'obsolescence. Des contraintes et des anomalies constatées La bonne volonté de cet industriel a été, toutefois, confrontée à des contraintes d'ordres législatif, fiscal et aux habitudes d'abattage dans la région et au coût de revient. “Mis en exploitation en mars 2002, notre abattoir n'a quasiment pas fonctionné jusqu'à mai 2002, date de la libéralisation des importations de bétail par les autorités compétentes”, avouera notre interlocuteur. “Conçue pour occuper à plein-temps près de 200 employés à moyen terme, notre société emploie actuellement moins de 30 travailleurs qui, souvent, sont en chômage technique”, déplore-t-il. Cela est essentiellement dû, précise cet industriel, aux habitudes d'abattage clandestin qui échappe aux impôts mais qui représente un danger permanent pour la santé du citoyen. Les droits de douane équivalant à ceux appliqués aux produits destinés à la revente en l'état, soit 30% auxquels il faut ajouter une TVA de 7%. Or, soutient M. Batouche, le bétail que la Sarl importe constitue la matière première de base et subit des traitements adéquats. Ces taux sont applicables, ajoute-t-il, à un bétail vif alors qu'après abattage, 50% du poids initial est constitué de sous-produits tels que les abats et de déchets. À titre d'exemple, sur une bête de 400 kg, il n'est retiré que près de 200 kg de viande seulement. En outre, la TVA de 7% appliquée aux frontières ne peut être récupérée du fait qu'après abattage et traitement, les viandes sont vendues en hors taxes. La TVA n'est appliquée cependant que pour la vente des sous-produits (abats et peaux). “L'application intégrale de ces taxes et droits de douane à notre abattoir ne nous a pas permis de mettre à disposition du consommateur un produit de première nécessité à un prix raisonnable au regard des coûts d'acquisition des bêtes”, argue, M. Batouche. La taxe à l'abattage de 5 DA/kg de viande traitée est versée à la commune. “Si la quote-part de 1,50 DA destinée au fonds de protection zoosanitaire se justifie amplement, les 3,50 DA versés au profit de la commune pour couvrir les frais de fonctionnement de l'abattoir ne trouvent nullement leurs assises. Car notre abattoir est un complexe privé et géré par nos soins et sur notre propre budget. Pis, la commune n'y participe sous aucune forme”, conclura le premier responsable de Vallée Viandes. B. K.