L'inspection vétérinaire est pour l'heure incapable de tenir son rôle en raison des contraintes objectives. En dépit des nombreux contrôles effectués par la commission mixte chargée de la répression des fraudes en matière d'alimentation, notamment les viandes et tout ce qui représente des risques d'intoxication, le commerce de la viande issue de l'abattage clandestin se fait la part belle. Beaucoup de consommateurs ont cru cependant que l'importation de viandes fraîches va circonscrire le phénomène de l'abattage clandestin. Une pratique loin d'être révolue à Souk-Ahras. Il faut arpenter les rues avoisinant le marché des fruits et légumes, situé à la rue Arirèche Abdelatif pour voir de visu que la viande rouge non étiquetée se «liquide» à 310 dinars le kilo chez des vendeurs ambulants. Plus choquant et à quelques encablures de l'abattoir communal du chef-lieu de la wilaya se trouve une vieille bâtisse au lieu-dit El Rahba utilisée comme local d'abattage clandestin. Deux autres se trouvent, l'un à la cité Rebahi Nouar et l'autre la rue des Jardins. Malheureusement seules 1715 bêtes sont passées par l'abattoir communal de Souk-Ahras pendant le premier trimestre de l'année 2005, alors que plus de 10.000 peaux en moyenne sont ramassées par les tanneurs pour la seule commune de Souk-Ahras. Selon les statistiques de l'abattoir communal sur les 55 bouchers que compte la ville de Souk-Ahras, une trentaine au moins évitent l'abattoir, dans une wilaya qui consomme 12 411 quintaux de viandes rouges par an. Arguant que l'abattoir est en dégradation avancée ne disposant même pas d'un camion frigorifique pour distribuer aux horaires de vente, les carcasses estampillées, des chambres froides en panne, un manque d'eau... etc, les bouchers se rabattent sur les abattoirs clandestins. Dans ce contexte le vétérinaire du secteur public affirme: «ces arguments sont des faux-semblants plusieurs bouchers évitent l'abattoir pour plusieurs raisons, dont la recherche d'un gain facile et éviter de payer la taxe d'abattage évaluée à 5 DA le kg de bête contrôlée par le vétérinaire; cette opération est estimée coûteuse par les commerçants». Dans la pratique la brigade des contrôles de la DCP a réussi, lors d'une sortie cette année, à mettre la main sur 534 kg de viande rouge. Il s'agit d'une vache abattue clandestinement aux environs de M'daourouch. Cette quantité saisie est réellement insignifiante, par rapport à la quantité proposée à la vente. Le citoyen s'interroge: «Y a-t-il eu respect des règles d'hygiène par ces spéculateurs». A ce sujet le directeur du commerce, apostrophé sur la question déclare: «Quand il y a une saisie de viande douteuse, ce n'est pas tant la quantité saisie qui me donne des frissons, mais bien les conséquences que cela pourrait avoir sur les citoyens, car une bête vendue non estampillée, sans certificat sanitaire, véhicule un risque réel pour le consommateur». Pour le commun des citoyens, ce phénomène d'abattage clandestin n'est pas, loin s'en faut, réductible aux seuls tueurs des abattoirs fussent-ils clandestins, mais remonte jusqu'aux éleveurs de bétail, paradoxalement, qui se trouvent être les principaux pour s des abattoirs agréés. L'inspection vétérinaire, maillon fort de la chaîne de lutte contre les barons de cette activité informelle, est pour l'heure incapable manifestement, de tenir ce rôle en raison des contraintes objectives (manque de moyens matériels, effectifs insuffisant, etc...) mais ne manquera pas d'appeler tous les partenaires impliqués dans la mise en oeuvre du dispositif réglementaire de lutte contre l'abattage clandestin, à redoubler de persévérance en vue de faire barrage à toutes les tentatives malsaines des spéculateurs, car il s'agit bel et bien d'une menace visant la santé publique.