Abdelaziz Bouteflika aura réussi la gageure de concilier le peuple algérien avec son histoire, son entité et son identité. La plate-forme d'El-Kseur sera appliquée dans sa globalité. C'est ce qui a été décidé à l'issue d'un dialogue de deux journées, entre le chef du gouvernement et les délégués du mouvement citoyen des archs qui sont parvenus, en fin de soirée de samedi, à un accord global sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur. L'accord éminemment politique vise à instituer, dans un premier temps, un organe commun entre les deux parties, chargé «de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur qui sera assurée par l'Etat dans le cadre de la Constitution et des lois de la République» note le communiqué conjoint sanctionnant les pourparlers. Dans un point de presse animé à l'issue de la signature de l'accord en question, M.Ouyahia a souligné que cet organe, constitué d'agents et de cadres de l'Etat, aura pour mission de suivre l'application de cet accord. Ainsi, après moult tergiversations et dialogues infructueux, le chef du gouvernement et les animateurs du mouvement citoyen des archs sont arrivés à un accord global. Un accord auquel le président de la République, le chef du gouvernement et surtout la population ont toujours appelé ardemment. «Le règlement de cette crise participe d'une démarche globale que prône quotidiennement le président de la République, une démarche de réconciliation nationale dont la philosophie principale est de réconcilier les Algériens avec eux-mêmes. Nous avons besoin de rebâtir la confiance», a rappelé le chef du gouvernement. «C'est dans la confiance que peuvent réussir les efforts», notamment ceux qui «répondent aux attentes les plus angoissantes de nos compatriotes: le chômage, les problèmes sociaux et économiques, un Etat de droit, plus de justice, la promotion et l'affirmation de notre identité», a-t-il ajouté. «Le chemin sera effectué ensemble pour suivre et témoigner que les engagements pris sont sincères», a précisé, le chef du gouvernement, notant que l'accord signé «permettra de hâter le pas pour guérir les blessures et libérer les énergies dans les wilayas qui ont connu des perturbations et l'ensemble du pays». Le point d'achoppement, la 8e incidence relative à l'officialisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle, ayant fait échoué les pourparlers du 24 janvier 2004 vient ainsi d'être levé par cet accord. Les deux parties se sont entendues pour que l'officialisation de tamazight se fasse lors de la prochaine révision de la Constitution. Dans ce contexte, M.Ahmed Ouyahia, l'artisan de cet accord, a affirmé, hier, sur les ondes de la Radio nationale que «les engagements pris par l'Etat pour le règlement de la crise de Kabylie qui dure depuis 2001, seront respectés». Ce protocole prévoit la prise en charge par les autorités du pays des dommages ou incidences générés par la crise de Kabylie qui a duré plus de quatre ans et causé la mort de 126 personnes. Parmi les incidences, dont certaines ont été, à des degrés divers, satisfaites, on rappelle, notamment l'amnistie fiscale pour les commerçants et les professions libérales, le règlement du contentieux avec Sonelgaz «à compter d'aujourd'hui les citoyens sont tenus d'honorer les factures de Sonelgaz», a précisé Belaïd Abrika d'autant plus que l'Entv a présenté ses excuses à propos de la couverture de la marche du 14 juin 2001 organisée par les archs à Alger. La réintégration des travailleurs sera effective dans les prochains jours. L'incidence relative à la levée des poursuites judiciaires contre les délégués du mouvement citoyen et la libération des manifestants vient d'être, quant à elle, actualisée pour englober la libération des manifestants du sud du pays. «Nous espérons que les détenus seront libérés avant l'Aïd El-Adha et ceux qui sont poursuivis ne seront plus concernés par les poursuites judiciaires» a ajouté Abrika. La révocation des indus élus de Kabylie, issus des élections locales de 2002, est également prise en compte. Une revendication qui avait suscité en son temps l'ire de certains partis politiques ayant pris part à ce scrutin. La plate-forme d'El Kseur exige, en outre, la mise en place d'un plan socio-économique pour la région de Kabylie. Cet accord semble devoir être pris en charge par les initiatives politiques envisagées et accompagnera les programmes que projettent les pouvoirs publics. En effet, dans le cadre de l'amnistie générale, le chef de l'Etat veut dissocier la crise de Kabylie de la nébuleuse terroriste. Ainsi, en fin diplomate, qui a consacré son premier mandat à replacer l'Algérie sur l'échiquier international, Abdelaziz Bouteflika semble également en passe de réussir avec brio la réconciliation nationale, globale et sans exclusive. Pour Belaid Abrika, «la plate-forme d'El Kseur est une solution pour la situation qui prévaut au pays» avant de lancer un appel «l'heure est à l'édification du pays. Que chaque Algérien y mette du sien pour permettre le redressement du pays et que l'Algérie retrouve sa place dans le gotha mondial».