Farès Oudjedi est l'un des rares délégués du mouvement citoyen à avoir privilégié la voie du dialogue à celle de la confrontation. L'Expression: Le chef du gouvernement vient de lancer un nouvel appel au dialogue. Vous y attendiez-vous? Farès Oudjedi : Cette invitation d'Ouyahia pour la reprise du dialogue est la réponse que nous attendions suite à la déclaration de l'avant-dernière interwilayas de Tizi Rached. Toutefois, l'espoir d'arriver au règlement des problèmes politiques est une disposition naturelle de tout militant. En faisant intervenir son appel au dialogue, à la veille d'une conférence de presse du mouvement citoyen programmée à Alger, ne sentez-vous pas une certaine volonté d'éviter une plus large fissure entre les deux parties? La conférence de presse était prévue depuis le conclave interwilayas d'Ighil Bwamas et son objectif était de présenter le bilan d'une année d'activité du mouvement citoyen et d'interpeller les pouvoirs publics, quant à la non-concrétisation des engagements pris par l'Etat dans les deux protocoles d'accord. En même temps, nous avions décidé de la reprise des manifestations de rue, lors de ce conclave. Mais ce communiqué contribuera certainement à un rapprochement entre les deux parties pour le règlement de la crise. Certains disent que cet appel au dialogue est l'aboutissement de contacts secrets entre le gouvernement et le mouvement citoyen. Qu'en est-il en réalité? Dans notre pays ce genre de discours visant à semer le doute dans toute initiative politique est un sport national. Quand des responsables d'organisations sociales et politiques se rapprochent de responsables étatiques de moindre importance, personne ne trouve à dire. Mais dès qu'il s'agit du Mouvement citoyen, c'est la levée de boucliers. Personne n'est détenteur exclusif du tutorat sur nos concitoyens. Qu'on le sache une fois pour toutes. Le précédent dialogue a buté sur le 8e point de la plate-forme d'El-Kseur, en l'occurrence le caractère officiel de la langue Tamazight. Ce nouvel appel contient-il du nouveau par rapport à ce sujet? Nous avons quitté la table des négociations après que le chef du gouvernement, représentant de l'Etat, eut conditionné l'officialisation de Tamazight par le recours à la voie référendaire. Depuis, nous avons exigé des pouvoirs publics de lever cette option afin que l'on puisse reprendre les pourparlers. Nous comprenons par ce dernier communiqué que l'option référendaire est déjà levée ou bien qu'une nouvelle proposition, pour dépasser cette impasse, nous sera faite par le représentant de l'Etat. Votre réponse définitive ne sera connue qu'à partir d'aujourd'hui, à l'issue de l'interwilayas. Pensez-vous que le oui l'emportera? Nous sommes dans un mouvement dont les décisions sont prises dans les structures officielles. Par rapport à cette question, c'est à l'instance suprême qu'échoit la décision finale. Plusieurs délégués de différentes coordinations de wilayas se sont déjà exprimés favorablement à travers les médias. Et ce sont ces mêmes délégués, avec d'autres frères, qui se rencontreront aujourd'hui à Tizi Ouzou dans une interwilayas organisée spécialement à cet effet. Inévitablement, la réponse ne pourra qu'être favorable. Ne craignez-vous pas qu'il y ait encore des résistances, notamment au niveau de la Cicb? La force de l'argumentaire est la seule voie porteuse. Certainement, il y aura des concertations des différentes délégations de wilayas afin de lever toute équivoque sur cette question avant la plénière de l'interwilayas. Nous sommes optimistes. La non-application des deux protocoles d'accord peut-elle constituer un obstacle à un consensus? Effectivement, les accords du 06 et du 22 janvier 2004 ne sont pas appliqués totalement. Sur cette question, le communiqué des services de la chefferie du gouvernement est clair en ce sens qu'il précise nettement que la concrétisation de ces accords demeure un engagement de l'Etat. Il nous invite à un accord global entre l'Etat et le mouvement citoyen pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Contrairement au dernier round du dialogue qui a précédé l'élection présidentielle, celui-ci intervient dans une conjoncture marquée par un débat autour de la réconciliation nationale et l'amnistie générale. Peut-on faire un rapprochement? Le mouvement citoyen des archs se prononcera au moment opportun sur toutes les questions concernant l'avenir des Algériens. Pour le moment, notre problème demeure la satisfaction des revendications citoyennes contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Par rapport à la réconciliation nationale et l'amnistie que vous évoquez, le mouvement se prononcera une fois que les choses seront clarifiées. C'est l'optimisme alors? Un militant ne peut qu'être qu'optimiste. Nous n'avons demandé qu'un minimum syndical pour une démocratie réelle dans notre pays. La responsabilité d'une gouvernance est de répondre favorablement aux doléances de son peuple. Notre mission est de réussir toute action ou tentative pour le règlement de la crise. Et c'est là le principal.