Les fermetures de routes à Béjaïa empoisonnent la vie des citoyens Que se passe-t-il à Béjaïa? La capitale des Hammadites donne l'impression d'être un corps malade qui se plaint de partout. Hier, pas moins de cinq manifestations de rue, assez musclées pour ne pas passer inaperçues, ont été enregistrées sur le territoire de la wilaya. Réparties de telle manière qu'il est impossible de rallier les chefs-lieux des différentes communes de la wilaya. Les RN 09, 12 et 75 n'étaient pas opérationnelles hier. La colère citoyenne a averti encore une fois devant la complexité du cadre de vie de plus en plus insoutenable. Les citoyens de Darguina n'ont rien trouvé de mieux que de bloquer la Route nationale 9 contestant la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Conséquence: il était impossible de rejoindre Béjaïa à partir de la wilaya de Sétif. Même l'autre axe reliant les deux wilayas, à savoir la Route nationale 74, était lui aussi obstrué à deux endroits. D'abord, à Barbacha où les villageois d'Imaârat ne veulent pas décolérer. Ils dénoncent pour la 3e journée consécutive l'augmentation des tarifs du transport public collectif de voyageurs. Le même souci est relevé sur le même axe routier par les citoyens de Merdj Ouamane qui ne comprennent pas cette augmentation des tarifs «non conforme aux décisions ministérielles». La RN 12 est fermée aussi par les villageois de la commune pour la même raison, à savoir la revalorisation anarchique et injustifiée des prix du ticket de transport public. Ce même axe routier subit le diktat des habitants de Oued Ghir, qui après avoir fermé le centre d'enfouissement technique de Béjaïa à Sid Bouderham, sont descendus lundi dernier vers la RN 12 pour la bloquer avant de revenir à de meilleurs sentiments, hier matin, non pas à la faveur de la réaction de la wilaya, mais suite au dialogue ouvert par le wali avec le mouvement associatif de la commune. En conséquence, le centre d'enfouissement technique de Béjaïa a été rouvert. Selon M.Brahim Takharbit, président de l'association Avenir du village Hellil dans la commune de Oued Ghir, des engagements ont été pris par les autorités pour mettre fin à tous les risques sur la santé publique et l'environnement pouvant provenir du CET. Il y a d'abord la satisfaction de la revendication liée à la station de traitement du lixiviat. Sa réalisation sera prise en charge par la municipalité de Béjaïa pour un montant de 2 milliards de centimes. Le directeur de l'environnement devait se rendre hier au ministère de l'Environnement pour récupérer le dossier technique. Il a été aussi promis de sécuriser les bassins de retenue et l'élimination des odeurs par un procédé technique, à savoir la couverture par une couche de terre par étapes des déchets déposés. Le chef de l'exécutif a instruit le directeur du CET de renforcer la sécurisation du trajet menant vers le site pour éviter des dépôts anarchiques. «Toutes ces résolutions seront suivies par le wali en personne», indique M.Takharbit qui annoncera qu'un «centre de tri moderne est en phase de négociation». Le wali se serait engagé dans ce sens, selon ce membre qui a pris part à la séance de dialogue. Par ailleurs, les enseignants contractuels et vacataires, dont la marche de la dignité est à son troisième jour, ont repris la route vers Alger, suite à l'échec du dialogue auquel la ministre de tutelle a appelé lundi dernier. Le maintien de la condition de passage par le concours pour accéder au poste d'emploi n'a pas été du goût de la délégation des contractuels qui a dû claquer la porte. Selon Nabil Ferguinis, la ministre de l'Education a catégoriquement refusé l'intégration sans condition estimant qu'elle ne relève pas de ses prérogatives». «La proposition nationale d'intégrer les années d'expérience dans la calcul de la note de l'examen n'a pas été acceptée par la délégation», a-t-il ajouté. Le dialogue a fini par un crash et le mouvement se poursuit. Les marcheurs ont quitté la ville d'Akbou vers midi. Ils passeront probablement la nuit à Tazmalt ou Raffour. Dans le secteur sanitaire, toutes les interventions chirurgicales ont été suspendues en raison d'un mouvement de grève national initié par les médecins anesthésistes pour revendiquer la révision de leur statut particulier. A Béjaïa, les blocs opératoires étaient fermés jusqu'à nouvel ordre. Une journée pas trop ordinaire en somme. Elle se singularise par des mouvements de protestation qui n'étonnent plus personne.