Tout l'enjeu de la relance de l'économie nationale est de trouver un équilibre savant entre le maintien d'une souveraineté économique à récupérer, et l'instauration d'une confiance perdue entre le gouvernement et les investisseurs algériens. Modernisation du système bancaire, rehaussement de la valeur du dinar, et instauration d'un pacte libre de confiance entre l'Etat et les producteurs, c'est ce que préconise Abdelwahab Ziani, vice-président de la Fédération des industriels et des producteurs algériens, comme base pour le nouveau modèle économique lors de son passage hier à la Chaîne 3. De prime abord M.Ziani revient sur les bocages occasionnés par l'instauration de pré-domiciliation bancaire en matière de commerce extérieur. Il explique que les banques publiques ne sont pas prêtes pour traiter des milliers de pré -domiciliations par jour, «c'est un système magnifique mais il n'est pas assez huilé, afin de servir les opérateurs, en leur faisant gagner du temps, la pré-domiciliation est devenue un vrai frein», insiste-t-il. En somme, il était question de faire le distinguo entre la matière première et le produit fini, notamment à l'importation. Or, les exportateurs se retrouvent soumis aux mêmes conditions et doivent subir des attentes interminables pour sortir leurs marchandises. Selon M.Ziani, à ce rythme, l'activité du commerce extérieur risque d'accuser un retard d'au moins un mois, notamment sur les approvisionnements. Par ailleurs, le vice-président de la Fédération des industriels, est longuement revenu sur le nouveau modèle économique annoncé récemment par le Premier ministre, et prévu pour le mois d'avril. Il y voit une nécessité incontournable du désengagement total de l'Etat, du secteur de la production sur la base d'un pacte de productivité entre les industriels et le gouvernement: «Il faut que l'Etat libère les initiatives, il doit revenir à ses missions régaliennes, de régulation, et laisser les entreprises reprendre le marché algérien», précise M.Ziani. Il explique que ce pacte de confiance et de productivité est nécessaire pour relever le niveau de notre production nationale, qui se trouve uniquement à 25% de couverture de nos besoins, et précise que ce n'est qu'à travers ce pacte que l'on pourra asseoir des bases solides de relance économique. Dans ce sillage, il attire l'attention sur les répercussions que ce pacte pourrait avoir sur le tissu économique et commercial, du fait, que le rôle de l'Etat se limiterait à un accompagnement juridique et bancaire, qui laisserait les entreprises privées et publiques, reconstituer le paysage économique, dans l'ultime but d'instaurer une concurrence loyale entre les producteurs, de façon à fournir régulièrement de la valeur ajoutée en matière de production et rehausser le pouvoir d'achat du citoyen. Parallèlement à cela, M.Ziani considère que sur cette base de confiance, les entreprises doivent jouer le jeu, et se constituer en réelles entreprises citoyennes. Il s'agit certes de booster l'investissement, mais aussi de relever le niveau de la fiscalité: «Il est inconcevable qu'une industrie qui ne paye pas ses impôts puisse se considérer comme algérienne, nous devons construire cette Algérie ensemble, et tout le monde doit mettre la main à la poche», indique M.Ziani. D'un autre côté, ce pacte de confiance, selon le même responsable, apporterait la possibilité de s asseoir autour d'une même table et de discuter des vrais obstacles qui minent l'économie nationale. A l'image des surfacturations ou des fuites des capitaux, qui n'auraient pas été possibles, si ce pacte était déjà signé, il y aurait eu des comités dans les filières qui dénonceraient ces drives. A cela, il faut ajouter la nécessité du retour des importateurs au statut de producteur. Pour ce faire, M.Ziani propose plus de facilitations et d'accompagnement pour convaincre l'importateur que l'Etat encourage l'investissement à travers des taux très attractifs. En même temps, il faut impérativement relever la valeur du dinar, pour prétendre asseoir une économie forte selon le vice-président de la Fédération des industriels algériens, qui explique, qu'un dinar bas peut avoir des avantages en matière d'exportations, mais une dévaluation soutenue risque de faire perdre toute sa valeur à la monnaie et en finir définitivement avec le marché informel des devises, «pourquoi une bancarisation de l'informel conditionné à 7%, il faut aller vers une amnistie, si on veut récupérer la manne de 4 milliards de dollars qui échappe au Trésor public», dira-t-il. En somme, tout l'enjeu de la relance de l'économie nationale, est de trouver un équilibre savant entre le maintien d'une souveraineté économique à récupérer et l'instauration d'une confiance perdue entre le gouvernement et les investisseurs algériens, pour préparer, sur de bonnes bases, la prochaine tripartite.