Netanyahu salue une Afrique en ligne de mire Même si, traditionnellement, Israël se moque éperdument des résolutions de l'ONU, d'ailleurs systématiquement bloquées par son mentor américain au niveau du Conseil de sécurité, l'opprobre est devenu tel que le sionisme mondial tout entier s'en émeut de plus en plus Prenant prétexte d'une commémoration de l'opération commando sur l'aéroport d'Entebbe, en Ouganda, menée le 4 juillet 1976 par l'armée israélienne pour libérer les passagers du vol Tel Aviv - Paris détourné par des Palestiniens et des Allemands, Benjamin Netanyahu va entamer une tournée en Afrique avec des objectifs précis. Outre que certains pays du continent sollicitent ouvertement le concours de l'armée sioniste pour une formation et une assistance sécuritaire, il y a la nécessité de plus en plus impérative de trouver et sceller de nouvelles alliances afin de desserrer l'étau de la réprobation internationale qui s'est considérablement développée depuis deux ans, au fur et à mesure que la politique expansionniste du gouvernement Netanyahu a fait fi de toutes les réactions et de toutes les condamnations de la communauté internationale. Le Premier ministre israélien va bien sûr commencer son offensive de charme par la commémoration du 40ème anniversaire du raid sur Entebbe au cours duquel son frère qui dirigeait le commando israélien a été abattu par les Palestiniens. Ainsi, débutera la réponse à ce qui a été présenté comme une vive sollicitation de plusieurs capitales africaines désireuses de ressouder leur alliance avec Israël. Netanyahu qui dit avoir reçu plusieurs invitations explique que ce périple revêt «une grande importance», et permet de montrer au monde que si «Israël revient en Afrique», c'est aussi «l'Afrique (qui) revient en Israël». Passé le temps du scepticisme tributaire des syndromes coloniaux, certains pays sont effectivement attirés par les perspectives d'un accès aux technologies de défense avancées, surtout ceux qui redoutent la contagion de l'islamisme radical de plus en plus menaçant, mais d'autres lorgnent l'expérience de développement agricole et hydrologique puissamment vantée par l'Afro-Middle East Center basé en Afrique du Sud. Depuis1994, aucun chef du gouvernement israélien ne s'est rendu dans un pays africain et l'enjeu est donc crucial, ne serai-ce que pour mettre fin à des décennies d' «isolement» d'Israël en Afrique. Netanyahu espère qu'en échange de beaucoup de promesses sur le terreau économique et commercial, il arrachera un soutien aussi net que nouveau de certains pays africains dans les institutions internationales où sa politique outrancière dans les territoires palestiniens occupés et sa situation de monopole sur les armes nucléaires au Moyen-Orient sont vigoureusement condamnées. Même si traditionnellement Israël se moque éperdument des résolutions de l'ONU, d'ailleurs systématiquement bloquées par son mentor américain au niveau du Conseil de sécurité, l'opprobre est devenu tel que le sionisme mondial tout entier s'en émeut de plus en plus Depuis les années 1970, l'Etat hébreu s'est mis de lui-même au ban de la majorité des pays africains qui lui reprochent notamment un racisme éhonté lors de l'exode provoqué des fallashas éthiopiens. La récente visite du président ghanéen, Uhuru Kenyatta, et de plusieurs hauts dignitaires musulmans africains a visiblement encouragé Netanyahu à enfiler sa tenue de prospecteur pour sonder les nombreuses opportunités qui se présentent dans les secteurs de l'agriculture, des télécommunications, de l'énergie renouvelable et autres infrastructures. Mais, en sourdine, le faucon du Likoud n'écarte pas les champs stratégiques de la défense et du renseignement qui permettraient à Israël d'inverser la tendance actuelle caractérisée par un vote contre lui ou d'abstention de la majorité des pays africains lors des débats dans les organisations internationales.