Entre le discours des responsables et la réalité du terrain, il y a un grand fossé Bien avant le mois sacré du Ramadhan, mois de la consommation par excellence, les fruits et légumes connaissent ces derniers jours une augmentation inouïe de leurs prix. La pomme de terre coûte 75 à 80 DA le kilo. Certes il y a le produit local, cédé à 35 DA, mais beaucoup préfèrent celle plantée dans le sable ou celle cultivée dans la région de Mostaganem. Cette révision à la hausse des prix est pour certains initiés due en partie au mauvais temps qui isole les plantations en raison de la boue. Cet argument ne tient pas la route surtout que les pouvoirs publics et à longueur d'année ne cessent de parler de stock et de stratégie prévisionnelle. Le terrain montre le contraire et nos marchés sont tributaires des aléas de la nature et surtout soumis au gré des intermédiaires qui ont pignon sur les espaces de vente. La carotte, le navet, la courge, les fèves ont vu leurs prix atteindre des seuils alarmants. L'ensemble de ces légumes nécessaires à une bonne diététique valent entre 80 et 120 DA le kilo. Ces hausses montrent à qui veut ne pas le voir que nos marchés pataugent dans une anarchie totale. La lutte contre l'informel prônée par les pouvoirs publics ne peut se concrétiser tant que les marchés de gros et demi-gros dûment contrôlés restent un écrit sur un bout de papier. L'exemple du marché de gros de Aïn Bessem qui traîne et s'étend dans le temps est un cas d'école. Depuis maintenant sept années, cet espace n'arrive toujours pas à être réalisé. Même le ministre du Commerce de l'époque qui à l'occasion d'une visite a, tout sourire, annoncé devant les caméras de la chaîne publique la décision de son département d'affecter 10 millions de DA pour l'aménagement, n'a pas tenu cette promesse. L'APC qui s'est lancée dans la réalisation s'est vite retrouvée sans ressources pour terminer les travaux. Le combat contre l'informel ne doit pas se limiter à ce jeu du chat et de la souris auquel s'adonnent quelques commerçants qui déballent à la vue des véhicules de la police pour revenir quelques moments après et se réinstaller sur les trottoirs. Le combat contre l'informel, une des principales causes de ce yoyo des prix, passe par la réhabilitation des brigades de contrôle, par le contrôle de la traçabilité du produit et l'application des marges bénéficiaires réglementées. En attendant une réelle réorganisation du marché et à sa mise aux normes économiques mondialement connues, le citoyen de Bouira particulièrement et algérien en général continuera à subir le diktat de ces lobbies des fruits et des légumes. Sur la même lancée, mais s'agissant d'un autre produit moins disponible, là aussi Bouira-ville a aussi la triste réputation d'être la ville la plus chère d'Algérie. Hier sur les étals, la sardine de très mauvaise qualité coûtait 700 DA le kilo. La raison là aussi est due au fait que le marché est monopolisé et détenu par une personne.