Une collection audacieuse Organisé par la boîte Ambassadrice Nouvelle Méditerranée, cet événement a su décliner des tenues haute couture où le raffinement se le disputait à la sobriété. Les voûtes de Sidi Fredj ont accueilli vendredi dernier un très beau défilé de mode, signé par notre Xavier Dolan de la haute couture, à savoir Amor Guellil qui fêtait son 5e anniversaire avec une très belle collection de haute couture dédiée à la décennie noire. Si pour le jeune artiste les années 1990 furent particulièrement consacrées à l'extravagance outre-mer, chez nous cette période fut particulièrement marquante, surtout envers les femmes où ces dernières ont dû, par la force des choses, se voiler quitte à inhiber leur véritable personnalité par sécurité. Ce n'est pas fortuit donc si l'amorce du défilé de mode, quelque peu provocateur, a vu cheminer des femmes, tout d'abord, en un haïk bleu nuit et qui verra par la suite une succession de femmes toutes voilées et gantées, mais dont le bas dévoilait souvent, soit des robes courtes pour certaines ou de longues robes de soirées pour d'autres. Un contraste saisissant qui nous rappellera on ne sait plus quel autre couturier, français de son état qui jouera sur l'image de la femme religieuse en la montrant voilée, mais portant des tenues extravagantes, flanquée dans des positions bien aguichantes. Si cette posture semble pour le moins saugrenue chez notre artiste algérien, étant provocante, elle a suscité un peu le mécontentent du public et pourtant, loin d'être un simple caprice, cette performance mûrement réfléchie, sciemment par le jeune couturier avait pour rôle de montrer du doigt les contractions socioculturelles qui prévalent dans notre société, a fortiori celle des années 1990. La suite de la collection sera tout aussi noire et sombre. Des mannequins fines et brunes, cheveux tirés en arrière habillées tantôt de pantalons larges avec blazers et tantôt des robes mais encore avec des sarouals rehaussés de franges bordées, strassés ou piqués avec des rubans, ainsi que des robes davantage plus stylisées, en voile transparent laissant apparaître leurs sous-vêtements ou carrément des décolletés nimbés de bijoux pour décorer la peau, le tout dans un style des plus glamour fait de simplicité et d'harmonie. Car et c'est là où réside l'originalité de cette collection, bien que l'audace vestimentaire y est pour beaucoup, outre le dénudé, la beauté de cette collection se situe, une fois n'est pas coutume, dans la finesse du trait vestimentaire qui, loin d'être surchargé ou désarticulé, se veut monté d'accessoires sobres, qui respire la grâce loin de toutes ces icônes de mode du prêt-à-porter qui n'hésitent pas à moderniser le traditionnel de façon outrageante et ridicule. Amor Guellil, lui, qui ne jure que par Karl Lagerfeld dans la sobriété et l'élégance, mais aussi par Jean-Paul Gautier dans la folie créatrice, y a mis du coeur à l'ouvrage et cela s'en ressent grandement à travers cette collection où même la robe de mariée était noire, mais pas blanche. Normal! Car l'idée, pour ceux qui ne l'ont pas encore saisie est de faire le deuil de toutes ces années noires passées, pour qu'enfin la vie reprenne le dessus et le sourire se redessine à nouveau sur les lèvres des femmes. Alors, si le visage des mannequins paraissait souvent renfermé, voire crispé et les yeux bordés de lunettes noires, l'obscurité qui caractérisait cette collection rayonnait paradoxalement sur les gens car elle suggérait justement de voir, en filigrane, de la lumière! Une aura que les autres créateurs devraient suivre comme modèle pour que cette liberté de ton rayonne encore non seulement sur la mode, mais davantage sur l'esprit créatif de la mouvance artistique, quand l'esthétique perd en sa substance et en vient à manquer. Amor Guellil, en tout cas, aura su avec ces tissus fluides et une dynamique palpable insuffler vie et beauté sur cet antre pourtant glauque qu'est l'espace de Sidi Fredj a fortiori par une journée de pluie et grisaille. Il est bon à noter que le défilé de mode était ponctué par le passage d'une soprano qui, par sa voix profonde, faisait planer davantage notre âme, ballottée qu'elle était entre les années 1990 et l'époque d'aujourd'hui. Une ambivalente sensation, liée à une époque qui n'est pas encore sortie tout à fait des ténèbres. D'où l'utilité de se rappeler le passé continuellement... Bref, «Blackten» est une collection qui a su allier la magie du talent à l'exceptionnel d'une thématique intelligemment déclinée. Bravo Amor! 26e Salon international du livre d'Abu Dhabi La poétesse Rabia Djelti y participe La poétesse et romancière algérienne, Rabia Djelti, participera au 26e Salon international du livre d'Abu Dhabi prévu du 27 avril au 3 mai aux Emirats arabes unis, ont annoncé les organisateurs. Une soixantaine de pays en provenance du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de l'Europe participent à ce 26e Salon international du livre d'Abu Dhabi dont l'Italie est l'invité d'honneur. Rabia Djelti y présentera deux de ses romans «Le trône émaillé» (2013) et «Nostalgie à la menthe», paru en 2015 aux éditions El Ikhtilaf (Algérie) et Difaf (Liban). Auteure de nombreux recueils de poésie, dont «Murmures du secret» et «Qui est-ce dans le miroir?» traduits en français, elle a également publié plusieurs romans dont «Club des Pins» et «Extase». En 2002, elle avait été primée à Abu Dhabi pour l'ensemble de son oeuvre littéraire et poétique. Rabia Djelti enseigne actuellement la littérature à l'université d'Alger.