Les islamistes, structurés ou pas, ont tenté de rééditer le coup de 1989, lors du séisme qui a frappé Alger. Le drame, qui a commencé un certain 10 novembre, aurait pu être une vraie aubaine pour les islamistes qui auraient voulu se refaire une virginité, escalader les tribunes et, par la suite, «faire la loi» comme au bon vieux temps. La mobilisation des citoyens, des associations et les différents segments de l'Etat a rendu vaines les tentatives des islamistes, dont des radicaux qui ont voulu aller jusqu'au bout. Ainsi, depuis les premières informations qui faisaient état d'une indescriptible catastrophe, notamment à Alger, les islamistes ont refait surface. Un plan de retour sur scène a été sans nul doute discuté. Les proportions de la catastrophe et la lenteur dans la prise en charge des conséquences des intempéries étaient des éléments qui rendaient très possible la réalisation de ce plan. Sur le terrain qu'ils ont «conquis», les islamistes avaient plusieurs rôles, tantôt de secouristes et sauveteurs, tantôt de vrais agents qui acheminaient les dons aux sinistrés. Les fondamentalistes paraissaient, comme lors du tremblement de terre qui a secoué la capitale, en 1989, tout simplement des anges. Proportionnellement à l'espace et au temps qui ont suivi les inondations, les islamistes s'impatientaient déjà en tentant de détourner des vivres destinés aux sinistrés, jouer les trouble-fêtes à chaque fois qu'un officiel se rendait sur les lieux, mais aussi de mener des actions plus importantes comme les deux marches avortées après la visite du Président de la République sur les lieux. Les anciens militants de l'ex-FIS ont même tenté de créer des émeutes un peu partout dans les zones touchées par l'hécatombe. En vain, du moment que les citoyens, parmi eux des sinistrés, des victimes et des familles de disparus, ont refusé de marcher dans la combine. Il y a aussi le fait que des associations présentes sur les lieux, particulièrement à Bab El-Oued, ont fait les vigiles. Les militants de RAJ et SOS Bab El-Oued étaient vigilants. Il faut signaler également le rôle joué par Benflis, qui a organisé plusieurs tournées, donné des instructions pour une présence du gouvernement aux côtés des sinistrés, mais surtout pour avoir averti les islamistes. Par ailleurs, les partis islamistes ont, eux aussi, imité le travail des «militants éparpillés». A ce propos, la visite effectuée par Adami et les membres de son bureau politique a été qualifiée par les observateurs d'un marketing politique. Quelques jours plus tard, les cadres du MSP rééditent le coup. C'est alors que Benflis, en faisant allusion à ces deux partis, met en garde contre les aides spectacles et l'instrumentalisation du drame ou encore la tentative de politiser la catastrophe. Etant certain qu'il est visé, Nahnah fait une étrange proposition à son parti, à savoir déposer plainte contre X pour la mort des centaines d'Algériens. En voulant se défendre, le patron du MSP accuse le pouvoir d'être responsable et ironise en disant qu'à la place d'un téléthon de relogement, il aurait fallu un téléthon pour les démissions des responsables. A dire vrai l'ire de Nahnah s'explique aussi par le refus de la wilaya d'autoriser deux meetings à Bab El-Oued. La récupération du drame n'a pas eu lieu, cette fois, mais les islamistes ne se lasseront jamais de refaire la tentative, en attendant un autre... drame.