Toutes les hypothèses et toutes les pistes à l'origine du drame sont possibles. «On ne sait pas ce qui s'est passé». Ces propos tenus, hier, à un confrère par le directeur commercial de la Cimenterie d'Oued Sly, résument la situation qui règne au niveau de cette usine, une journée après l'explosion qui a coûté la vie à trois personnes et fait 19 blessés. Le mystère du drame reste entier, les informations sont contradictoires. «Il n' y a pas eu d'explosion de gaz et les bouteilles d'acétylène sont intactes» indiquent des témoins qui se sont rendus hier, sur les lieux. «il n' y a pas de cratère et il n' y a pas eu d'incendie» ajoutent les mêmes témoins. Toutes les hypothèses et toutes les pistes à l'origine du drame sont retenues. Sur place, chacun y va de son interprétation. Certains font le parallèle entre un conflit latent, opposant des travailleurs islamistes et le syndicat. D'autres parlent d'une fausse manipulation d'explosifs au niveau du laboratoire, d'autres encore affirment qu'il s'agit tout simplement «d'un sabotage économique» à l'heure de la libéralisation. En attendant, l'enquête menée par la Gendarmerie nationale suit son cours. L'explosion a littéralement soufflé une installation stratégique de la cimenterie, en l'occurrence le laboratoire de contrôle de qualité situé à quelques mètres de la clôture extérieure de l'usine. La réfection de ce laboratoire durera au minimum quatre mois. Neuf des onze blessés ont quitté l'hôpital hier. Au même moment, deux membres du gouvernement MM. El Hachemi Djaâboub et Yahia Hamlaoui, respectivement, ministre de l'Industrie et ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Participation et de la Promotion de l'investissement, se sont rendus, hier, au siège de la cimenterie, pour présenter leurs condoléances aux familles des victimes et constater sur place l'ampleur des dégâts provoqués par l'explosion. Le ministre de l'Industrie a mis l'accent sur la nécessité de confier l'enquête à des spécialistes pour faire toute la lumière sur l'origine et les circonstances de ce sinistre, et a demandé que toute information liée à cette tragédie soit rapportée avec toute la transparence requise. A l'issue de cette visite, M.Djaâboub a exhorté l'ensemble des responsables du secteur à tirer les leçons nécessaires de cette catastrophe et à redoubler de vigilance pour protéger leur outil de production. Les ministres ont été rejoints ensuite par trois secrétaires nationaux de la centrale Ugta ainsi que des membres de la fédération des travailleurs des matériaux de construction. Malgré le choc produit par le drame, les travailleurs de la cimenterie ont repris le travail puisque la chaîne de production n'a pas été affectée par cette explosion. «L'usine a produit 5400 tonnes de ciment» a-t-on indiqué hier. Par ailleurs, les responsables de la cimenterie ont assuré que l'incident n'aura aucun effet sur la production du ciment «Notre entreprise est en mesure d' honorer tous les engagements contractés avec la clientèle et à respecter sa part de l'approvisionnement du marché national», a souligné M.Meknassi, P-DG de l'entreprise, dissipant ainsi les craintes qui pourraient gagner le marché national des ciments, approvisionné à hauteur de 20% par cette usine. L'activité du laboratoire détruit par l'explosion, assurant le contrôle de la qualité des produits, a parallèlement été rétablie, affirment les mêmes responsables. Mise en service en 1978, la cimenterie d'Oued Sly est l'une des plus importantes du pays. Elle approvisionne plus de 25 wilayas et produit un volume annuel de deux millions de tonnes. Elle emploie 930 personnes entre cadres, travailleurs qualifiés et ouvriers. Implantée dans l'enceinte de la zone industrielle d'Oued Sly, à 7 km de l'ouest de la ville de Chlef, cette cimenterie s'étend sur une superficie de quarante ha. En 2003-2004, la cimenterie a fait l'objet d'une rénovation complète de ses équipements de production.