Une forte explosion a secoué hier à 10h40 le complexe de ciment de l'ECDE implanté dans la zone industrielle d'Oued Sly, à sept kilomètres à l'ouest de Chlef. Selon un bilan officiel, trois laborantins, dont une jeune fille stagiaire, ont trouvé la mort sur le coup, tandis que treize autres présentant des blessures plus ou moins graves ont été admis dans des hôpitaux de la région. Deux d'entre eux sont dans un état jugé critique. L'explosion s'est produite au niveau du laboratoire des analyses de la qualité du produit, qui représente l'une des installations stratégiques de l'usine. Il est situé à l'écart de la salle de contrôle, des fours et des tours de préchauffage et à moins de quelques mètres de la clôture séparant l'usine de l'extérieur. Sur place, nous avons pu constater l'ampleur des dégâts puisque tout le laboratoire et les équipements techniques s'y trouvant ont été détruits par la déflagration qui n'a cependant pas provoqué d'incendie. De ce joyau de l'industrie du ciment, il ne reste plus que le toit en dalles de béton suspendu sur quelques piliers ayant résisté à la violence du choc. Abattus et encore sous le choc, les cadres et travailleurs de l'entreprise n'arrivaient pas à comprendre et à réaliser ce qui venait de s'y produire en ce début de semaine, au lendemain des fêtes de l'Aïd El Adha. « Le laboratoire fonctionnait normalement et a fait l'objet récemment d'une importante opération de rénovation et de renforcement de ses moyens humains et matériels. Il était doté d'équipements modernes acquis à l'étranger et aucun incident du genre n'a été enregistré auparavant », nous ont fait savoir certains d'entre eux qui excluent, par ailleurs, que l'explosion soit due à une fuite de gaz. Le directeur du complexe, Mohamed Chaieb-Eddour, a éclaté en sanglots à l'annonce du décès d'une troisième victime. « Ils ont donné le meilleur d'eux-mêmes dans l'exercice de leurs fonctions », dira-t-il à propos des disparus. Le souffle était tel qu'il a fait voler en éclats les vitres de certains bureaux administratifs éloignés et endommagé en outre certaines infrastructures situées à proximité de l'ouvrage touché, tels les ateliers et la structure d'un poste d'alimentation en gaz naturel. Est-ce dû à une manipulation d'un produit chimique ou à un acte de sabotage ? Selon les enquêteurs, l'origine de l'explosion demeure inconnue pour le moment et une équipe de la police scientifique, assistée par la brigade cynophile de la gendarmerie, a entamé des recherches sur les lieux pour déterminer avec exactitude les causes de ce désastre. Le complexe a été aussitôt mis à l'arrêt et devait reprendre ses activités en fin d'après-midi d'hier, nous ont indiqué ses responsables. Toujours est-il qu'en attendant la reconstruction et la remise en l'état du laboratoire, une solution alternative en matière de contrôle de la qualité s'impose en urgence. Le PDG de l'entreprise, Mohamed Meknassi, assure que l'explosion survenue dans le laboratoire n'affectera en rien l'approvisionnement du marché, dans la mesure où l'usine détient, selon ses dires, un important stock de ciment. Rappelons que l'ECDE Chlef vient d'augmenter ses capacités de production à la faveur d'un vaste programme de réhabilitation de ses installations techniques, ce qui lui a permis d'atteindre pour la première fois une production de 1 800 000 t en 2004. Le wali de Chlef, accompagné des autorités civiles et militaires, s'est rendu sur les lieux de la catastrophe où il a supervisé les opérations de secours avant de se rendre au chevet des blessés.