Le suspense est maintenu alors que l'UA presse le Conseil de sécurité afin de fixer une date pour la tenue d'un référendum d'autodétermination. Les Etats-Unis ont soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Sahara occidental qui exige «le rétablis-sement immédiat» des activités de la Minurso et le retour de son personnel civil expulsé par le Maroc, a indiqué hier M.Ahmed Boukhari le représentant du Front Polisario aux Nations unies. L'initiative américaine soutenue également par la Grande-Bretagne et la Russie, deux membres permanents au Conseil de sécurité ainsi que l'Espagne, fait l'objet de sabordage de la part de la France et du Maroc qui refusent de rétablir la Minurso dans la plénitude de son mandat. «La France mène une action très agressive pour paralyser l'initiative américaine. En jouant ce rôle, la France assume toute la responsabilité sur un possible retour de la guerre au Sahara occidental avec son soutien aveugle à la politique du Maroc», dans les territoires occupés, a déclare M. Boukhari. Dans ce rapport qui servira de base de discussions, le secrétaire général de l'ONU a exigé que le Conseil de sécurité rétablisse et soutienne cette mission chargée d'organiser le référendum d'autodétermination au Sahara occidental. A côté de l'initiative américaine, l'Afrique a décidé de battre le fer pendant qu'il est chaud. L'envoyé spécial de l'Union africaine pour le Sahara occidental, Joaquim Chissano, le presse de fixer une date pour la tenue d'un référendum d'autodétermination. L'émissaire de l'UA a adressé sa requête aux «15», mardi dernier, lors d'une session consacrée au dossier sahraoui. Elle intervient dans un climat tendu, électrique, après que le Maroc ait décidé d'expulser 84 membres de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un referendum au Sahara occidental et de lui supprimer sa contribution financière. Des mesures de rétorsion prises pour se venger des déclarations du SG de l'ONU qui avait qualifié d'«occupation» la présence marocaine sur ce territoire. L'objectif du pouvoir marocain est de faire coup double. Rendre inopérante la Minurso et saborder les négociations directes avec le Front Polisario. Ce qui revient à laisser la porte ouverte à toutes les éventualités. A la reprise des armes. L'UA avait averti. Cette nouvelle attitude du Maroc constitue «un précédent très dangereux qui remet en question le mandat du Conseil de sécurité de l'ONU dans le maintien de la paix et la sécurité dans le monde» avait prévenu la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma. L'ex-chef de la diplomatie sud-africaine avait, dans la foulée, prié instamment le Conseil de sécurité de «réaffirmer le mandat entier de la Minurso, y compris l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». La question se pose encore aujourd'hui. Le mandat de la Minurso sera-t-il prolongé? Dans l'état actuel des choses, après que le Maroc l'ait pratiquement réduite en peau de chagrin, il lui sera difficile d'assumer sa mission pleinement. Le Conseil de sécurité doit laver cet affront. Il y va de sa crédibilité. Selon des informations glanées par L'Expression l'on se dirigerait vers une reconduction du mandat de la Minurso pour une année. «Le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) sera prorogé le 28 avril 2016», a annoncé Liu Jieyi, le représentant permanent de la Chine auprès des Nations unies qui assurera la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d'avril. Une voix prépondérante au sein des «5». Sur le terrain cela s'anime. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, cité par les médias espagnols, a déclaré hier à Madrid, que son pays était favorable à une résolution visant à proroger le mandat de la Minurso de 12 mois. «Un suivi impartial et continu des droits humains par les Nations unies accorderait une certaine protection à une population vivant sous la menace quotidienne de violations perpétrées par les autorités marocaines et le Front Polisario.», alors que les journalistes, les soldats chargés du maintien de la paix et les militants pacifiques font l'objet de restrictions croissantes, a conseillé, mardi dernier, Amnesty International. Dans son rapport présenté aux «15» Ban Ki-moon avait estimé que suite aux expulsions décidées par Rabat, la Minurso «ne peut pas remplir un élément clé de ses fonctions» et le mandat que lui a confié le Conseil. La balle est désormais dans le camp du Conseil de sécurité de l'ONU. Verdict aujourd'hui.