Abdelmalek Sellal et Dmitri Medvedev Des contrats d'armement, des partenariats dans le nucléaire civil, l'industrie mécanique et pharmaceutique, le rail et les mines, la coopération entre les deux pays a pris son envol. Enthousiaste et agglomérée autour de son président, Vladimir Poutine, l'opinion publique russe savoure triomphalement le come-back de leur pays sur l'échiquier international. C'est une nouvelle réalité que les Occidentaux doivent prendre en compte. Son inflexibilité et son intransigeance dans la gestion du dossier syrien prouve aux plus sceptiques que la Russie a retrouvé son lustre d'antan. Deux principales priorités dictent sa politique étrangère: la défense de ses intérêts économiques, le maintien dans son orbite et la protection de ses alliés. L'Algérie qui partage la même vision de politique étrangère avec la Russie, occupe une des premières places parmi les partenaires de la Russie en Afrique et dans le Monde arabe. La visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal hier, à Moscou a de ce fait, ce double caractère économique et géopolitique. Alger, tout comme Moscou, luttent contre l'extrémisme islamiste et partagent l'idéal d'une paix possible par le règlement par la voix politique des conflits. Hier, à Moscou, le Premier ministre a réaffirmé «la constance de la position algérienne» vis-à-vis des situations de crises que connaît le monde, rappelant, comme étape de solution, le principe du droit des peuples à leur autodétermination. «La position de l'Algérie est constante sur toutes les questions: nous sommes pour le respect du droit des peuples à l'autodétermination», a déclaré Abdelmalek Sellal au cours de la conférence de presse qu'il a conjointement animée avec son homologue russe, Dmitri Medvedev. Ces solutions «doivent être pacifiques, équitables et tiennent compte de la légalité internationale», a-t-il indiqué, soulignant que l'Algérie et la Russie «se sont entendues pour privilégier le principe de la concertation dans le traitement de toutes les crises». Il a noté, dans ce sens, que les deux pays «partagent les mêmes points de vue dans la plupart des questions» qui se posent actuellement. De son côté, le président du gouvernement russe, a évoqué «des positions assez proches d'Alger et de Moscou sur les raisons du déclenchement des conflits», regrettant «un climat général tendu à travers plusieurs coins du globe». Interrogé sur la situation qui prévaut en Syrie, en Libye et sur la question du Sahara occidental, le responsable russe a déclaré qu'«il n'existe pas de résolution facile», plaidant, à cet effet, pour «le respect du droit international et la recherche de compromis parmi toutes les parties en conflit». Il s'agit donc pour Alger et Moscou de protéger une paix dans un contexte régional fragile. Surtout que la Russie en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, est fortement impliquée dans la plupart des dossiers internationaux, notamment au Proche-Orient, au Maghreb et au Sahel. Les deux pays se retrouvent sur le même front de lutte contre le terrorisme, devenu une menace globale. La lutte contre l'extrémisme est la priorité clé pour les deux pays. A ce sujet, il convient de souligner que l'Algérie coordonne également avec les Etats-Unis surtout dans le domaine de l'échange du renseignement. Au plan économique, il faut dire qu'au vu des projets annoncés,la Russie entend réinvestir le continent africain en empruntant la porte Algérie. Trois principaux axes se dégagent de cette coopération, d'abord militaire. M.Sellal et son homologue Medvedev ont discuté de l'acquisition par l'Algérie d'une variante du système de missiles antiaériens «S-300», selon le journal On-line TSA, citant le quotidien économique Kommersant. Ces systèmes, ajoute cette source, permettent de lutter contre les missiles balistiques et de croisière. Les deux responsables discuteront également de nouveaux contrats pour la livraison de bombardiers Su-32 et des avions de supériorité aérienne, les redoutés Su-35, tous deux du constructeur Sukhoi. Les deux Premiers ministres aborderont également l'objet d'une précédente commande de 16 autres avions, des Su-30MKA, dont huit pourraient être livrés dès cette année, selon Kommersant. Au plan énergie, Les deux responsables ont convenu de renforcer la coopération dans le nucléaire civil et développer l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste. Pour l'industrie mécanique, le Groupe Snvi et la Société Ural Vagon Zavod vont entamer un partenariat pour la création d'un joint-venture spécialisé dans la fabrication et la maintenance des wagons destinés au transport de marchandises avec l'EPE Ferrovial (filiale Snvi) dont la réalisation est prévue sur le site Ferrovial à Annaba. Des contacts ont été entrepris entre le Groupe Mécanique et la société OMK Steel pour étudier la possibilité d'un partenariat pour la fabrication des têtes de forage. Pour les mines, des discussions seront entamées avec la société russe EuroChem pour la concrétisation d'un partenariat de deux projets importants. Le premier projet concerne la transformation chimique des phosphates pour la production d'acide phosphorique (Oued Kebrit-Souk Ahras) et des engrais phosphatés(Hadjr Soud-W.Skikda). C'est une deuxième plateforme après celle signée avec le français Roullier dont l'objectif est de diversifier les partenaires et d'atteindre à moyen terme la valorisation de 10 millions de tonnes de phosphate. Le deuxième projet porte sur la transformation du gaz pour la production d'ammoniac. Ces deux plateformes sont prévues à l'est du pays. La formation, autrefois très développée entre les deux pays reprendra, avec le Groupe Manal qui mettra à la disposition de l'Algérie un quota annuel de 50 à 60 places pédagogiques (formation d'ingénieurs, formations spécialisées et des formations d'accompagnement). Dans l'industrie pharmaceutique, c'est le groupe étatique Saidal qui pourra exporter ses produits sur le marché russe. De la même manière, le Groupe Saidal prospecte la possibilité de production de matières premières, en partenariat avec un spécialiste au niveau du site de Médéa pour le marché national et l'exportation vers la Russie.