La signature d'un accord conclu lors de la tenue, à la fin du mois de juillet, de la 7e session de la commission de coopération économique, commerciale, scientifique et technique algéro-russe, entre le conglomérat russe Uralvagonzavod et Ferrovial dont le contenu porte sur la fabrication de matériel roulant ferroviaire, ne passe pas inaperçu dans un contexte de rapports tendus entre les Russes et les Occidentaux. Cet accord qui permettra de mettre en place une usine de production de wagons, wagons-citernes, bulldozers et autres engins de construction, prévoyant de doubler la production déjà existante au niveau du complexe industriel de Ferrovial (à Annaba), est vu comme une bouffée d'oxygène insufflée dans le poumon de l'économie russe, soumise à rude épreuve après la décision d'une série de sanctions imposée en 2014, par les Américains et les Européens, contre la Russie à cause de son implication ou ingérence active dans le conflit ukrainien. De toute évidence, même si pour le moment le soin est laissé aux médias de parler de cette solution ou issue trouvée par les Russes pour contourner les sanctions économiques, l'accord ne peut être du goût des Américains et des Européens. D'autant que le géant industriel russe (Uralvagonzavod), réputé et connu pour produire les fameux chars T90 de combat, dont l'Algérie a déjà acquis plus de 300 unités depuis 2006, et qui fait environ la moitié de son chiffre d'affaires à partir de wagons, est particulièrement ciblé par les sanctions en question. Pour les Algériens, il s'agit d'un « partenariat stratégique » entre les deux pays, vieux de 50 ans, et qui s'est renforcé en 2010 à la faveur de la signature, à l'occasion de la visite en Algérie l'ex-président russe, Dmitri Medvedev, de six accords dans les domaines de la normalisation, la diplomatie, l'économie, le transport maritime et l'énergie. En tout état de cause, ce partenariat arrive à point pour soutenir, avec la signature de cet accord en marge de la dernière réunion, la demande nationale en wagons, surtout avec le lancement du programme du développement du secteur ferroviaire national qui porte sur la réalisation de 10.400 kilomètres de rail et la réhabilitation de 3.500 autres. Un communiqué du ministère des Finances confirme cette vision en soulignant que cette 7e session qui s'est tenue à Moscou les 30 et 31 juillet derniers, «traduit la volonté commune des deux pays de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale, à la lumière des orientations politiques des plus hautes autorités des deux pays». Elle a été, de ce point de vue, l'occasion pour faire le point sur l'état d'avancement de la coopération bilatérale et la finalisation d'un certain nombre d'instruments devant enrichir le cadre juridique régissant les relations entre l'Algérie et la Russie. Précisant encore dans ce contexte que le procès-verbal signé à cette occasion « englobe plusieurs recommandations multisectorielles visant le développement et le raffermissement des relations bilatérales entre les deux parties, qui ont convenu de la programmation de plusieurs réunions de groupes de travail dans les domaines notamment des finances, des banques, de l'énergie, des ressources en eau et du transport maritime ». Plus loin encore, le communiqué relève que M. Benkhalfa a eu des entretiens avec le ministre russe de l'Energie, M. Alexandre Novak, qui ont tous deux coprésidé la réunion, où il a insisté sur « la nécessité d'élargir la coopération institutionnelle intersectorielle, de fixer les échéances pour la réalisation des différentes actions convenues et de travailler ensemble pour valoriser les ressources pétrolières et gazières dans l'intérêt du développement des deux pays ».