Le retour de la Minurso est une véritable gifle pour le roi du Maroc Le texte voté vendredi dernier par le Conseil de sécurité appelle à un règlement politique du conflit juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Echec et mat. L'opération de sabordage de la Minurso fomentée par le Maroc a été stoppée net. La résolution présentée par les Etats-Unis et adoptée par le Conseil de sécurité a annihilé les desseins royaux. Elle souligne l'urgence de son plein rétablissement. L'Algérie a exprimé sa satisfaction. «L'Algérie accueille en particulier avec satisfaction la décision du Conseil de sécurité de reconduire le mandat de la Minurso pour une période d'une année et de reconnaître l'urgente nécessité pour cette mission d'être rétablie dans la plénitude de ses fonctions», indiquait un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public samedi dernier. L'Algérie «escompte que des mesures seront rapidement prises afin de permettre à la Minurso d'accomplir pleinement son mandat, dont le couronnement réside dans l'organisation au Sahara occidental d'un référendum d'autodétermination libre et sans contrainte administrative ou militaire» est-il mentionné dans le texte du département de Ramtane Lamamra. Le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental jusqu'au 30 avril 2017 est une victoire incontestable pour le Front Polisario. Il entretient l'espoir d'indépendance du peuple sahraoui. «Le vote d'aujourd'hui (vendredi 29 avril, Ndlr) envoie un message, fort et clair, que le statu quo est inacceptable, et que le Maroc ne sera pas autorisé à entraver la mission de l'ONU au Sahara occidental, ni d'anéantir le droit des Sahraouis de participer à un référendum d'autodétermination pour décider de leur avenir politique», a déclaré le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari, suite à l'adoption de la résolution 2285. Il était dit que le Maroc allait boire le calice jusqu'à la lie dans le bras de fer qu'il avait engagé contre le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies qui avait qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d'«occupation» et son représentant personnel qu'il avait considéré persona non grata au Sahara occidental. «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», avait déclaré, au mois de novembre 2015, le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE en marge de la visite du monarque alaouite à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental) où il avait célébré le 40ème anniversaire de l'invasion du Sahara occidental. La réponse du Conseil de sécurité est un cinglant désaveu pour le chef de la diplomatie royale. L'Algérie «relève avec satisfaction la ferme et opportune réaffirmation du soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon ainsi qu'à son envoyé personnel, Christopher Ross et à sa représentante spéciale, chef de la Minurso, Kim Bolduc», souligne le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Non seulement les «15» réitèrent leur confiance à Ban Ki-moon et confortent Christopher Ross dans sa mission de médiation, mais ils appellent aussi les Marocains à s'asseoir autour de la table des négociations avec le Front Polisario. Un 5ème round de négociations se profile. Le Maroc fait le dos rond, s'évertue à atténuer ses déboires diplomatiques et continue à montrer les crocs vis-à-vis du SG de l'ONU. «Cette résolution... constitue, à ce titre, un revers cinglant pour toutes les manoeuvres du secrétariat général de l'ONU, notamment celles opérées lors de la visite du secrétaire général et celles insérées dans son dernier rapport», indique un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération qui omet de souligner que le retour de la composante civile de la Minurso à Laâyoune représente un camouflet retentissant pour le souverain marocain qui avait décidé d'expulser 75 de ses membres. Mohammed VI avait décrété qu'ils n'y remettraient plus les pieds. Le Conseil de sécurité l'a recadré.