Le ton est à l'apaisement Ce changement de ton a suscité par ailleurs un bouleversement total dans la grille des lectures. S'ils ne sont pas encore au beau fixe, les rapports entre les deux appareils du pouvoir, semblent un brin évoluer temporairement. Qu'est-ce qui a changé entre-temps? Est-ce un début d'apaisement? Qu'est-il advenu des échanges d'hostilités encore fumeuses entre les deux hommes? Saâdani aurait-il été rappelé à l'ordre? L'on est tenté de le croire car si le patron du FLN a adopté lors de ces dernières sorties médiatiques la politique de «no comment», par contre, il a brillé par son absence au congrès extraordinaire du RND. Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a même fait, avant-hier, l'effort de féliciter Ahmed Ouyahia pour son élection à la tête de la direction de son parti. En tout état de cause, la scène politique est passée brusquement d'une actualité où les acteurs principaux enchaînaient des accusations mutuelles peu glorifiantes et des phrases assassines à un ton plus apaisé. Le patron du FLN a également changé le ton à l'égard de l'opposition et de ses détracteurs au sein du parti. Ce changement de ton a suscité par ailleurs un bouleversement total de la grille des lectures des observateurs, faisant passer au second plan les précédents tiraillements que d'aucuns interprétaient comme une indication préparant la nouvelle recomposition politique au sein des cercles du pouvoir. Ce rebondissement, ouvrant une brèche dans le statu quo politique général, est probablement dû au changement des priorités de l'heure, d'après certains observateurs. En tout cas, Ouyahia, qui garde son poste «clé» à la présidence de la République, semble avoir tiré son épingle du jeu de la tempête politique générée par les foudres des polémiques ayant marqué récemment l'actualité politique. Ahmed Ouyahia dont le retour en force sur l'échiquier politique en février 2014 vient d'être conforté par sa triomphale élection à la tête du RND, semble avoir réussi à prendre sa revanche. Ces dernières actualités auraient mené à cette décision de soigner un temps l'image de l'entourage immédiat du président de la République. Il n'est plus permis d' étaler en public le linge sale dû au divorce bruyant entre le FLN et le RND. L'éloignement relatif des échéances de 2017 et 2019 peut être derrière ce calme apparent. Saâdani ne cesse de réitérer qu'«il n'y a pas de vacance du poste de président de la République car le siège du président est actuellement largement occupé, et ce, jusqu'à 2019». Ceci dit, il est clair que la coalition présidentielle évoquée de-ci et de-là ne représente plus grand-chose. Il est fort à parier que ce calme apparent précède la tempête. La veille des échéances de 2017 et de 2019 sera une occasion pour les deux partis de mettre en place l'artillerie lourde pour enclencher une nouvelle bataille féroce. «Abdelaziz Bouteflika est le président de tous les Algériens. Nous applaudissons la lettre de félicitations qu'il a envoyée au secrétaire général du RND, un parti légal», s'est contenté de dire, avant-hier Saâdani. L'auteur de la récente diatribe contre le secrétaire général par intérim du RND, a refusé, toutefois de «considérer le message de félicitations adressé par le président de la République à l'occasion de son élection à la tête du RND comme un désaveu à ses tirs croisés contre le patron de cette formation». Tout en déclarant que «le pays a besoin d'une opposition forte», Saâdani se dit ouvert au dialogue avec l'ensemble de la classe politique, y compris les partis de l'opposition pour peu qu'ils ne remettent pas en cause la légitimité du président de la République et des institutions élues.