Un poste frontalier bombardé fin 2014 et en proie à des heurts La solution radicale que la population de Ben Guerdane avait exigée en marge de la journée de mobilisation et de grève générale semble avoir été trouvée à Ras Jedir. Après la grève générale qui a mobilisé jeudi les habitants de Ben Guerdane et de sa région, les autorités tunisiennes et libyennes sont finalement parvenues à un accord sur la réouverture du poste-frontière de Ras Jedir paralysé depuis l'attaque terroriste qui avait ciblé cette même localité en mars dernier. La reprise des activités commerciales était cruciale pour les protestataires, sachant que l'ensemble des transactions licites et illicites permettent à Ben Guerdane de subsister en attendant la relance d'une économie affectée par les multiples attentats qui ont frappé la Tunisie durant l'année 2015. L'accord conclu lors d'une réunion non-stop introduit une taxe douanière unique pour les marchandises et pour éviter d'éventuelles tensions ultérieures une commission mixte de suivi devra être mise en place incessamment, comme en ont convenu lors de leur entretien à Tunis, jeudi, le président Béji Caïd Essebsi et le Premier ministre libyen Fayez Al Sarraj. L'agence de presse libyenne Lana a d'ailleurs indiqué, citant un responsable de la localité de Zouara, que le trafic des voyageurs est totalement rétabli depuis hier. Quant au trafic commercial à Ras Jedir, principal poste-frontière entre les deux pays, il devrait être progressivement libéré après le blocage décidé en représailles par les autorités libyennes mécontentes des conditions de transfert des produits libyens vers la Tunisie, grâce à une contrebande florissante. La solution radicale que la population de Ben Guerdane avait exigée en marge de la journée de mobilisation et de grève générale semble avoir été trouvée à Ras Jedir, sachant que la frontière tuniso-libyenne longue de 500 km permet un trafic de marchandises important, dominé en majeure partie par les contrebandiers. Le fait est que la menace terroriste à laquelle la Tunisie fait face et dont les autorités estiment, à juste titre, qu'elle provient de la Libye voisine impose des mesures draconiennes de sécurité. C'est ainsi que par deux fois, depuis janvier 2016, le gouvernement tunisien a ordonné la fermeture de la frontière pour une période de 15 jours en guise de mesure de rétorsion aux attaques jihadistes. Sauf que la seconde fois, après l'attaque en mars de Ben Guerdane, les autorités libyennes avaient réagi à leur tour en fermant la même frontière, imposant un embargo commercial préjudiciable aux villes tunisiennes limitrophes. Non content de cette mesure somme toute symbolique, le gouvernement tunisien a également entrepris la construction d'un «mur», en réalité un ensemble d'obstacles alternant les fossés et les monticules de sable, sur plus de 200 km afin d'entraver les allées et venues des quelque 3000 jihadistes de retour des champs de bataille en Irak, en Syrie et...en Libye. Lors des assauts contre les casernes de Ben Guerdane, les 40 terroristes abattus venaient tous du camp d'entraînement de l'EI à Misrata, bombardé par l'armée américaine quelques mois auparavant. Preuve de la réalité de ces craintes, un large coup de filet antiterroriste a eu lieu jeudi dernier et a permis la mise hors d'état de nuire de 37 éléments dont la participation aux divers attentats qui ont ensanglanté la Tunisie depuis 2015 est avérée, affirment les autorités. En outre, deux autres terroristes qualifiés de dangereux ont été tués dans la banlieue de la capitale, à Mnihla. «Tous auraient été sur le point de commettre de nouveaux attentats contre des installations vitales et sensibles à Tunis et dans le reste du pays», selon le ministère de l'Intérieur. Ils «comptaient mener des actes terroristes à l'aide de bombes» et par «des attentats-suicides», a-t-on précisé et certaines d'entre eux étaient «impliqués dans les actes terroristes qui ont visé le musée du Bardo, l'hôtel Imperial à Sousse, contre le bus de la sécurité présidentielle (à Tunis) et dans les derniers événements de Ben Guerdane», affirme encore le communiqué. La Tunisie, qui fait quotidiennement état du démantèlement de «cellules terroristes», compte des milliers de ressortissants au sein des groupes terroristes et elle se prépare vaille que vaille à une lutte longue et difficile contre cette menace exponentielle.