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Deux réalisateurs, même combat?
69E FESTIVAL DE CANNES : RACHID DJAIDANI ET KARIM DRIDI
Publié dans L'Expression le 16 - 05 - 2016


Le réalisateur avec l'acteur Gérard Depardieu
Si la tolérance est le maître-mot du long métrage Tour de France, drogue et violence sont le leitmotiv de Chouf...
Plus de trois ans nous séparent depuis les applaudissements nourris envers son film, Rengaine, présenté également à la Quinzaine des réalisateurs. Le Franco-Algérien, Rachid Djaidani récidive cette fois encore à Cannes avec un film tout aussi engagé contre le racisme en donnant à voir deux mondes qui se confrontent au départ pour s'apprivoiser au final et s'aimer.
Far'Hook, alias Sadek, est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de comptes, il est obligé de quitter Paris pour quelque temps. Son producteur, Bilal, un Français converti à l'islam, lui propose alors de prendre sa place et d'accompagner son père Serge, alias Gérard Depardieu, avec qui, il ne s'entend plus, et faire le tour des ports de France, suivant les traces du peintre Joseph Vernet, son peintre favori. Une idée farfelue, mais qui tient à coeur au monsieur, passionné de peinture après avoir été mordu au virus du pinceau en tôle. Bien sûr, ce face-à-face improbable paraît désuet au départ, délicat, voire incompatible, mais Rachid Djaidani qui se plaît à faire sauter les verrous des mentalités, sait comment ramener ces deux-là à mieux se connaître. Une réticence au départ, à cause de leurs différences culturelles, se mue en une amitié forte qui finit par rompre la glace qui s'était emparée de ce maçon, gros balourd qu'est ce père bien attaché au passé et le faire rapprocher de ce rappeur qui n'a rien à voir avec les clichés convenus du hip hopeur. Une transformation qui donne la pleine mesure à ce film où le verbe (les préjugés sur les Arabes et les musulmans) et la musique ont aussi leur importance.
«La musique est un personnage essentiel dans le film», dira le réalisateur ému, à la fin de la projection dans la salle. Nous l'avons compris, Rachid Djaidani a voulu nous emmener à travers ce voyage dans la France, mais aussi dans le temps, et l'espace, à faire ce qui, au fond est le plus dur, soit un pas vers l'Autre. C'est le jeune rappeur qui s'en sort avec une image bien plus belle et c'est le «blanc» à qui on fait endosser le mauvais rôle à cause de ses préjugés tenaces. Le réalisateur de Rengaine, qui nous pousse à voir Au-delà des idées reçues, prend un chemin pas facile, mais qui grâce à des acteurs, pas si bien à leur place croit- on, finit par nous faire croire pleinement à cette tendre histoire, grâce au paradoxe de cette aventure humaine où chacun s'en sort grandi.
Toutefois, si le film s'essouffle par endroits en se perdant par moments à nous rabâcher des clichés éculés qui font sourire (du racisme ordinaire come ils disent), il n'en demeure pas moins que la mise en scène s'enrobe de beauté grâce à un jeu d'acteur plein de souplesse et de sensibilité. Le film qui se veut une peinture de nos sentiments en évolution dessine les contours d'une réalité telle vécue par beaucoup de gens en France. Le film dit les choses, explique mais jamais par excès de pathos. Simplicité de l'histoire peut-être mais un langage cinématographique bien avéré, rehaussé d'une image disparate, à deux niveaux, deux tons, ajouté à cela, ces clins d'oeil à ses anciens films, notamment cette peinture bleue qui nous rappelle son documentaire portant sur l'artiste-peintre Yaze ou encore Rengaine, avec l'apparition dans une scène du fameux couple.
Par ailleurs la grâce de ce jeune homme de 20 ans est à l'image de son flow, poétique! Un rappeur loin de la dégaine d'un Booba qui abat les clichés avec tendresse tel un conflit de générations qui trouve un tendre dénuement. C'est là le mérite du réalisateur qui a su nous embarquer dans une aventure où les personnages qui mènent des voies diamétralement éloignées l'une de l'autre se retrouvent et se comprennent. Une belle leçon de tolérance. A propos de son rôle, Gérard Depardieu dira après le film: «Au début on a toujours peur d'être agressé par un certain comportement et puis quand on voit toutes ces agressions que le personnage subit, décès de sa femme, la disparition de son fils etc, on se met à penser différemment. Quand j'ai entendu un groupe dont le nom évoque la mère, on est bien surpris au départ... chez cet acteur, ce rappeur, j'ai découvert une autre façon de parler ou de dire les choses et j'ai eu la surprise de constater que tout partait d'un son et d'une animation. Il ramène une certaine tolérance que l'on voit dans le film. J'aime aussi que le rap soit romantique. Après tout, le mouvement romantique est très dangereux.
Tous les héros de Musset étaient violents, des alcooliques...» et de renchérir: «L'humour c'est important pour la vie. L'humour ouvre le coeur, peut être une distance quand on perd son temps à s'engueuler. Après ma rencontre avec Sadek, c'est là où ça devient extrêmement intéressant, devient vivant et c'est là où moi je disparais. Car l'humour c'est aussi de l'amour.». Franc et sans détour, l'acteur qui nous a bien surpris par ses récentes sorties médiatiques en France parle du rap sans détour: «J'aime les paroles du rap mais ce qui me semble étrange c'est pourquoi les attitudes du rap sont parfois le contraire de ce qu'ils disent. J'aime le rap comme le verbe de Rimbaud l'a fait et beaucoup d'autres poètes. Pour moi le plus proche du rap c'est Rimbaud. Etrangement, l'attitude du rappeur est plus violente que ce qu'il dit.
Le rap c'est presque comme un chant chamanique de notre temps moderne. Lui il sait rapper, et parler normalement. C'est ce qui m'a étonné, le langage des sons aussi. Ça rejoint le début de l'humanité. L'audition et l'émission. C'est comme dans les danses chamaniques. Si on avait bien écouté les indiens d'Amérique qui ont migré il y a 7000 ans, avant n'importe quelle religion, dont on sait qu'elle est devenue aujourd'hui politique, l'homme aurait été meilleur! Ce que je reproche aux rappeurs c'est d'avoir des attitudes même quand ils sont hors champ.».
Et le jeune rappeur de dire: «On était confronté à deux mondes différents. Ce film a été très intéressant sur le tournage. Je me suis confronté à un monde différent. Le rap que je fais est différent de la musique de Far Hook. Je ne voulais pas l'édulcorer ou la mettre dans un costume. Je voulais expliquer à Gérard que cette musique est à part entière. Parfois les mots qu'on met dessus paraissent d'une grosse vulgarité mais c'est juste pour exprimer une frénésie et une énergie. Le rap de Far Hook est composé avec sa trajectoire de vie.». Gérard Depardieu, grossier personnage, métamorphosé en rappeur? Assurément. L'on se demande ce qu'il reste qu'il n'a pas encore interprété. Une scène bien cocasse. Un jeu de miroir bien intéressant. La France est «malade» comme un homme cassé, mieux, aigri voire alourdi par de vieux clichés éculés. Ce n'est pas pour rien que Rachid Djaidani nous donne à écouter Serge... Lama!
Un autre cinéaste cette fois, nous donne à voir les quartiers chauds de Marseille, en plongeant dans l'univers des trafiquants de drogue. Il s'agit du Franco-Tunisien Karim Dridi qui cinq ans après Khamsa, revient avec Chouf. Un film coproduit par Rachid Bouchareb. D'ailleurs, c'est lui qui proposa le titre qui invoque bien le sentiment d'ordre et de manque de chance de ces jeunes qui, pour survivre et se faire une place au soleil de la planète Marseille, sont enclins à la manipulation, le trafic et le meurtre. A s'entre-tuer entre caïds. Pour les coups, les scènes d'action à l'américaine sont légion. On pense également au film La Haine de Mathieu Kazssovitz. L'intensité en moins. Cela dit, la scène finale est terrible! Une façon de dire que la violence a toujours un prix à payer. Un film, présenté, note-t-on, en hors Compétition.


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