66 victimes dont quatre algériennes, d'une même famille, se trouvaient à bord de l'Airbus A320. L'hypothèse d'un acte terroriste, évoquée aussitôt par les autorités égyptiennes, tend à se confirmer de plus en plus. Un Airbus A320 de la compagnie EgyptAir reliant Paris au Caire avec 66 personnes à bord, dont 30 Egyptiens, s'est abîmé jeudi en Méditerranée, après avoir disparu des écrans radar pour une raison qui demeure encore inconnue. L'armée égyptienne a affirmé hier que des débris, dont des sièges, des valises, ont été retrouvés au large de la ville d'Alexandrie. L'appareil avait parcouru un itinéraire qui l'a conduit de l'Erythrée en Tunisie, puis en France d'où il s'était envolé à destination du Caire, avec une soixantaine de passagers pour une capacité de quelque 165 sièges, un parcours établi par le site spécialisé FlightRadar24. Ces différentes escales sont importantes aux yeux des enquêteurs car l'hypothèse d'un attentat terroriste ayant été promptement agitée par le ministre égyptien de l'Aviation civile il faudra déterminer dans quel aéroport et de quelle manière un engin explosif aurait été placé à bord de l'appareil. A Paris, les investigations vont d'ailleurs bon train et n'épargnent aucune piste, depuis les bagagistes jusqu'au profil des passagers. L'appareil a disparu des radars grecs «vers 00h29 GMT» (01h29 heure algérienne), alors qu'il se trouvait dans l'espace aérien égyptien, a rapidement indiqué une source de l'aviation civile grecque, qui a situé l'endroit au large de l'île grecque de Karpathos, entre Rhodes et la Crète. Une polémique a brièvement couru sur un message de détresse que le pilote aurait envoyé à la compagnie Egyptair, mais rapidement démenti par l'armée de l'air égyptienne. Un démenti d'ailleurs étayé par la déclaration des contrôleurs aériens grecs qui ont échangé des propos aimables en langue grecque avec le pilote, peu de temps avant le crash. Par contre la thèse de l'attentat terroriste est fortement soutenue par les médias grecs qui rapportent le témoignage visuel des occupants d'un navire présent dans cette zone qui affirment avoir vu «une boule de feu», un indice probant quant à une explosion soudaine à l'intérieur de l'appareil, le rendant incontrôlable. L' A320 transportait 56 passagers, dont un petit garçon et deux bébés, ainsi que sept membres d'équipage et trois officiers de sécurité, d'après la compagnie Egyptair. Trente Egyptiens, douze Français, quatre Algériens, deux Irakiens, un Britannique, un Canadien, un Belge, un Portugais, un Soudanais, un Tchadien, un Saoudien et un Koweïtien se trouvaient à bord. Totalisant plus de 48 000 heures de vol, l'appareil acquis en 2003 par Egyptair fait partie d'une flotte considérée techniquement comme la plus sûre au monde. En attendant que les enregistreurs de vol soient retrouvés et analysés, ce qui risque de demander encore quelques jours, voire quelques semaines, même si la Méditerranée est plus facile à prospecter que l'océan Pacifique, les enquêteurs vont déjà trouver quelques informations à partir des débris retrouvés. La brutalité du crash, étayée par les militaires égyptiens et grecs, et l'absence d'un SOS conjuguée à la chute de l'appareil de 22.000 pieds (7000 m), même si la vitesse de cette dernière est considérée comme banale par les spécialistes, voilà autant d'éléments qui prouvent que l'équipage n'avait plus ni le contrôle de l'avion ni la capacité de réaction attendue en pareille circonstance. La découverte de débris tend d'ores et déjà à confirmer l'hypothèse d'une explosion de l'appareil, reste donc à déterminer la nature de l'explosif (probablement, le même que lors de l'attentat contre l'avion russe au-dessus du Sinaï, cible d'un attentat à la bombe le 31 octobre alors qu'il venait de décoller de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud-est de l'Egypte, à destination de Moscou), et les lacunes dans la chaîne de sûreté, à Paris, au Caire ou dans les deux autres escales. Autant de pistes qui ne trouveront pleinement leur sens qu'avec l'examen des boîtes noires, en espérant qu'elles ne gisent pas tout au fond de la Méditerranée, et à moins que, d'ici là, une revendication ne paraisse car, pour l'instant, le mystère demeure entier. Les recherches multiples menées par l'aviation et la marine égyptiennes, secondée par d'autres pays, vont toutefois aboutir dans les prochains jours à lever, au moins en partie, les nombreuses interrogations sur ce tragique épisode qui endeuille l'Egypte, la France et l'Algérie, ainsi que plusieurs autres pays européens, arabes et africains. Le président Bouteflika exprime sa solidarité aux présidents Al Sissi et Hollande Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé jeudi un message de condoléances à son homologue égyptien, Abdel Fatah al-Sissi. «C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la nouvelle du décès de plusieurs ressortissants égyptiens dans l'accident tragique d'un avion d'EgyptAir», a écrit le chef de l'Etat. «L'Algérie qui vient de perdre quelques-uns de ses ressortissants dans cet accident, ne peut que partager votre douleur en cette pénible épreuve» ajoute le président Bouteflika en lui présentant ainsi qu'au peuple égyptien ses condoléances les plus attristées. Le chef de l'Etat a adressé un autre message au président François Hollande. «En vous assurant de ma solidarité en cette pénible épreuve, je vous prie de croire, monsieur le Président et Cher Ami, en l'assurance de ma haute considération et de mes sentiments les plus cordiaux», a souligné le président de la République.