Netanyahu: «Vous m'avez compris!» «Malheureusement, des éléments extrémistes et dangereux ont pris le contrôle d'Israël et du Likoud, et menacent la société», a alerté Moshé Yaalon, ministre de la Défense démissionnaire. Ce que redoutait la communauté internationale, du moins celle qui veut croire encore à une chance aussi minime soit-elle d'arracher la paix et le respect des résolutions de l'ONU sur les territoires occupés par Israël, ce que craignaient bon nombre de pays attachés à la légalité et au droit fondamental du peuple palestinien est advenu hier. Après la démission fracassante du ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, qui avait remis ouvertement en cause la crédibilité du Premier ministre Benjamin Netanyahu, c'est le radical populiste Avigdor Liebermann qui s'empare de ce portefeuille stratégique. «J'ai dit au Premier ministre qu'étant donné son comportement au cours des derniers évènements et mon manque de confiance en lui, je démissionnais du gouvernement et de la Knesset (Parlement), et je prenais mes distances avec la vie politique», avait proclamé Moshé Yaalon sur Twitter. Dans une conférence de presse, Moshé Yaalon a violemment dénoncé ensuite ces «éminents politiciens» animés par «le cynisme et la soif de pouvoir», et gouvernés par «les échéances électorales et les sondages» plutôt que «les valeurs morales». Des mots qui visaient clairement Netanyahu et l'arabophobe Avigdor Lieberman. Moshé Yaalon n'a pas non plus masqué son inquiétude pour la démocratie: «Malheureusement, des éléments extrémistes et dangereux ont pris le contrôle d'Israël et du Likoud, et menacent la société», a-t-il alerté en concluant sur un retour prochain à la compétition électorale pour contrecarrer l'aventurisme des faucons aujourd'hui maîtres du jeu. L'homme est apprécié non seulement pour son franc-parler mais beaucoup plus pour son parcours rectiligne au sein du Likoud où il fait de l'ombre à Netanyahu. Celui-ci n'est pas mécontent de le voir s'en aller, lui permettant de consolider de quelques pions sa majorité chancelante et surtout de poursuivre sans vergogne une politique de colonisation et d'exaction jamais égalée depuis des décennies. En installant le pire ennemi des Palestiniens et des Arabes à la tête de ce ministère, essentiel dans un pays sans cesse sur le pied de guerre, Netanyahu qui se moque éperdument de l'effervescence suscitée tant en Israël que dans l'ensemble de la communauté juive de par le monde, entend faire d'une pierre deux coups. D'une part, il relance sa politique d'annexion des territoires occupés où les constructions illégales battent leur plein depuis de nombreuses années, par-delà les discours et les rendez-vous manqués pour une paix désormais tuée dans l'oeuf. D'autre part, il profite d'une conjoncture arabe vireuse pour affaiblir davantage encore la résistance palestinienne et vider de sa substance la prétention à un Etat dont Israël ne veut à aucun prix, malgré les efforts et les tentatives réitérées de plusieurs pays amis, telle la France du président Hollande éconduite brutalement. L'arrogance de Netanyahu qui fait face à de nombreuses critiques dans son propre camp du Likoud ainsi qu'au sein de l'état-major de l'armée en proie à un réel malaise le pousse à riposter en musclant toujours plus sa politique expansionniste. Donné partant à plusieurs reprises, il a toujours réussi à se maintenir en surfant sur les attentes des petits partis extrémistes. Avec la carte Lieberman, un Moldave ashkénaze qui fait monter les enchères du sionisme pur et dur, il s'assure une carte maîtresse au sein du lobby juif mondial et un blocage accru des tentatives de relance des négociations de paix avec les Palestiniens. Lieberman n'est pas seulement l'homme des diatribes anti-arabes, il est également le porte-étendard du sionisme international, «sûr de lui et dominateur». Le message de Benjamain Netanyahu, du Likoud et d'Israël est clair. Tel-Aviv sera encore et toujours intransigeant vis-à-vis des Palestiniens et de tous les pays, sans exception, même «les amis d'Israël», qui tentent de freiner son expansionnisme dans les territoires et à El Qods occupés et sa stratégie de sape des «accords» d'Oslo, de Camp David et de tartempion...