Selon des responsables palestiniens, plus de 30 cibles ont été bombardées en un peu plus d'une heure, hier avant l'aube, dont deux maisons du sud de la bande de Ghaza. Les habitants de Ghaza doivent s'attendre à vivre, durant les prochains jours, des moments très difficiles. Après y avoir mené lundi une série de raids aériens mortels ayant fait hier après-midi 12 morts et plusieurs dizaines de blessés, dans le cadre d'une opération militaire baptisée «Haie de protection» visant officiellement à mettre fin aux tirs de roquettes du mouvement Hamas, l'armée israélienne s'apprêterait à lancer une vaste offensive terrestre contre la petite enclave palestienne. Des médias israéliens ont, à ce propos, rapporté hier que le gouvernement israélien avait autorisé le rappel de 40 000 réservistes. Cette décision aurait été prise par le cabinet de sécurité dirigé par Benjamin Netanyahu quelques heures après le lancement par les Israéliens de leur attaque aérienne. S'il se confirme que le Premier ministre israélien a donné son ok pour qu'une telle opération ait lieu (offensive terrestre), cela pourrait vouloir dire qu'Avigdor Lieberman (actuel ministre israélien des Affaires étrangères) et son camp ont fini par avoir le dessus sur Benyamin Netanyahu. Lieberman fait partie de ceux qui voulaient absolument mettre à profit la tension suscitée par le meurtre, le 12 juin dernier, de trois jeunes étudiants israéliens en Cisjordanie occupée suivi de l'assassinat d'un jeune Palestinien, brûlé vif la semaine dernière, pour faire d'une pierre deux coups : régler leur compte aux Palestiniens et, pourquoi pas, reprendre carrément le contrôle de Ghaza. Bien tenté par une telle perspective, du fait que lui aussi n'a jamais vraiment cru à la possibilité d'une paix avec les Palestiniens (n'a-t-il d'ailleurs pas à chaque fois tout fait pour saborder les négociations de paix ?), Benyamin Netanyahu se serait tout de même opposé au projet de réannexion du territoire palestinien. Ce refus aurait d'ailleurs créé un froid entre Benyamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères. Du coup, l'alliance entre Israël Beitenou (dirigé par Lieberman) et le Likoud (dirigé par Netanyahu) forgée à la veille des dernières élections, risque de ne pas survivre à la politique de retenue du Premier ministre israélien. Le chantage d'Israël Beitenou Une fracture entre les deux partis pourrait avoir très logiquement un effet déstabilisateur sur la coalition au pouvoir, réduisant la part du Likoud à seulement 20 sièges, au lieu des 31 qu'il avait initialement. Mais à ce stade, ce changement ne devrait pas avoir de conséquences immédiates. En cas de consultation électorale, la formation de Benyamin Netanyahu n'est toutefois plus assurée de l'emporter. «Je ne comprends pas ce que nous attendons pour agir», a lancé le chef de la diplomatie israélienne, partisan déclaré d'une réoccupation israélienne de la bande de Ghaza. La presse israélienne a indiqué, en outre, que le cabinet de sécurité s'est révélé profondément divisé sur la réponse d'Israël aux tirs de roquettes en provenance de Ghaza, ce qui a accentué les tensions entre les deux chefs de parti.Sur le terrain, c'est la panique générale au sein de la population. Mais cela paraît être le cadet des soucis de Tel-Aviv. Le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, a averti que «l'armée poursuivra son offensive de telle façon que le Hamas paie un prix très élevé». Des renforts ont déjà été déployés aux abords de Ghaza. D'autres unités «seront graduellement mobilisées», a précisé à la presse le lieutenant colonel Lerner, porte-parole de l'armée israélienne, ce qui laisse penser que l'opération militaire israélienne va s'inscrire dans la durée. Selon des responsables palestiniens, plus de 30 cibles ont été bombardées en un peu plus d'une heure, hier avant l'aube, dont deux maisons du sud de la bande de Ghaza appartenant (au moins pour l'une d'elles) à un membre du Hamas. L'ONU aux abonnés absents Neuf personnes ont été blessées par des éclats d'obus près d'une des maisons, située à Khan Younès, a annoncé le ministère de la Santé. Les maisons avaient apparemment été évacuées avant les bombardements. Selon le ministre palestinien de l'Intérieur, les familles avaient été averties par un officier des renseignements militaires israéliens de l'imminence des attaques. L'avertissement a été donné…5 minutes avant le bombardement. A l'exception de ce cas, l'armée israélienne a été très peu soucieuse du sort des populations civiles. Dans certaines situations, des témoins parlent même d'exécutions de Palestiniens désarmés de sang-froid. De son côté, la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine Al Qassam, a accusé Israël d'avoir franchi «une ligne rouge en attaquant des maisons. Si cette politique ne cesse pas, nous répliquerons en élargissant le cercle de nos cibles». Ces brigades avaient, rappelle-t-on, revendiqué les intenses salves de roquettes tirées lundi soir contre le sud d'Israël, après la mort de cinq de leurs combattants dans les frappes. Au total, plus de 320 projectiles ont été lancés vers le sud d'Israël depuis le début de ce cycle de violence il y a trois semaines. L'opération militaire lancée lundi soir par Tel-Aviv est la plus grave depuis l'offensive menée contre Ghaza en novembre 2012. Craignant un nouveau génocide, le président palestinien Mahmoud Abbas a exigé qu'Israël mette fin «immédiatement» à son attaque, demandant à la communauté internationale d'«intervenir pour arrêter la dangereuse escalade qui pourrait provoquer davantage de destruction et d'instabilité dans la région». Ismaïl Haniyeh, le dirigeant du mouvement islamiste, a appelé depuis Ghaza où il se trouve «à l'unité palestinienne sur le front politique et sur le terrain». Malgré les morts, les blessés et les souffrances, personne n'a encore daigné bouger le petit doigt à l'ONU.