L'optimisme est de rigueur Par le passé c'était l'apanage des candidats aisés qui se dotaient d'appareillages très coûteux. C'est aujourd'hui que le département de Benghebrit passe son test annuel. Au niveau de la wilaya de Bouira et après l'examen de la 5e année et les épreuves du brevet d'enseignement moyen, 17.761 candidats se présentent à l'examen d'obtention du sésame pour l'université. Cet important rendez-vous national est le second pour l'actuelle ministre de l'Education qui ne fait plus l'unanimité dans les milieux politiques nationaux. Devenue la cible d'une frange de nostalgiques de l'arabisme à outrance, de conservateurs et d'islamo-politiciens, ce n'est un secret pour personne de dire que la ministre est attendue au virage par ses détracteurs. Le défi est de taille surtout que durant l'exercice 2015-2016 le secteur a connu une nette amélioration en matière de stabilité et les élèves ont eu largement le temps de se préparer. La preuve en est que pour la première fois, les candidats n'ont pas parlé de «ataba» (réduction des cours), une facilitation née sous l'ère de Benbouzid. Pour les nombreux postulants rencontrés, et par comparaison avec le BEM, tout le monde reste optimiste. En effet, et selon des professeurs, lors des épreuves du BEM, toutes les questions portaient sur le programme et un élève moyen pouvait répondre sans souci. A la question qui taraude les esprits et est relative à la fraude les réponses varient. Pour un professeur retraité du lycée Abderrahmane Mira la position est sans équivoque. «Arrêtez de voir dans chaque candidat un tricheur potentiel. Il est temps de passer d'un débat autour des moyens à mettre en place pour améliorer les programmes, pour mettre à l'aise nos apprenants, au lieu de disserter autour des dispositifs et des techniques de lutte contre, j'allais dire le terrorisme....» Pour la direction de l'éducation et selon son directeur par intérim, Rachid Benmessaoud «le bon déroulement des examens de fin de cycle primaire et du brevet d'enseignement moyen nous laisse optimiste quand au bon déroulement du bac. Les rapports des observateurs venus des différentes wilayas l'attestent puisqu'on ne signale aucun cas grave de fraude ou de tentative de fraude». Concernant l'organisation, le directeur précisera: «54 établissements ont été retenus pour l'examen à travers la wilaya, 3 876 surveillants sont réquisitionnés. Deux établissements à Dirah et Bechloul sont pour la première fois des centres d'examen et évitent aux candidats des deux régions des déplacements le jour de l'examen. Pour le directeur de l'éducation, «en plus de l'obligation de veiller au bon déroulement, l'objectif fixé aux directeurs d'établissements et aux inspecteurs à veiller à la bonne conduite des programmes, la participation des partenaires sociaux à la stabilité du secteur; du moins, pour l'année qui se termine, permettront et c'est notre souhait à la wilaya d'enregistrer des taux de réussite intéressants», nous confiera Rachid Benmessaoud. Précisons que pour l'année 2015, le taux de réussite au bac était de 39,06%. Du côté des parents, le président de l'Association des parents d'élèves d'un lycée rejoint l'avis d'un retraité quant aux dispositions anti-fraude. «Depuis quelques années, on parle de détecteurs, de brouilleurs, de cinq surveillants par classe, de diverses interdictions... l'élève-candidat est assimilé à un terroriste dont il faut surveiller les faits et gestes! Il est temps d'arrêter ce jeu de massacre et de redonner aux examens leur vraie place». Ce point de vue est partagé par un candidat libre au bac sciences. «Je repasse le bac pour une moyenne qui me permette de choisir la branche à l'université. C'est vous qui faites monter la pression en ne parlant que de fraude, de triche. Pourquoi ne pas parler de ces orientations et de ces conditions d'inscription qui poussent certains à tricher pour avoir une très bonne moyenne?» De l'avis des surveillants, la fraude par le passé était l'apanage des candidats aisés qui se dotaient d'appareillage très coûteux. «Le fils d'un honnête citoyen n'a que son courage et sa volonté pour réussir», ajoutera notre interlocuteur. Pour conforter cette thèse, «il suffit de voir la liste des élèves honorés chaque année après les examens. La très grande majorité vient des villages où il n'y a ni Internet, ni cours payants». En attendant le début aujourd'hui, les regards sont rivés sur le thermomètre. Tout le monde craint la canicule qui est aussi un facteur déterminant dans le bon déroulement de cet examen; un autre test pour la ministre de l'Education qui a déjà le mérite d'avoir mis fin à la réduction des programmes (ataba).