Vu le nombre faible des intervenants, les débats ont été clôturés en un temps record Pour mettre un terme à ce phénomène, le Parlement compte faire de la présence une règle obligatoire dans le nouveau règlement intérieur. C'est devenu intolérable. Le phénomène de l'absentéisme a atteint ses limites. Les députés affichent de plus en plus un désintérêt aux activités de l'Assemblée populaire nationale. Lundi dernier, l'hémicycle était presque vide. Les députés étaient nombreux à ne pas assister au débat sur le projet de loi modifiant la profession du commissaire-priseur présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Tayeb Louh s'est retrouvé devant même pas une cinquantaine de députés. Les services de l'APN n'ont pas arrêté de sonner la cloche pour inviter les députés à prendre place mais en vain. Sur les 461 élus, il n'y avait même pas le tiers. Vu le nombre faible des intervenants, les débats ont été clôturés en un temps record ne dépassant pas les deux heures de temps. Alors qu'il s'agit d'un texte important, les représentants du peuple n'ont pas jugé utile d'assister. Pourquoi cette indifférence? Certains députés accusent directement la direction de Larbi Ould Khelifa. Rencontrés dans les couloirs de l'Assemblée, certains élus estiment que l'APN aurait dû programmer deux projets en même temps pour leur éviter le déplacement à chaque fois. «C'est la faute au bureau de l'APN qui n'a pas bien agencé la programmation des projets de loi», nous déclare un député du RND sous couvert de l'anonymat. «Pour ce qui est du cas d'aujourd'hui (hier), la séance a été programmée à 9h 30, mais elle a été reportée en raison de la séance d'adoption de projet de loi par le Conseil de la nation où se trouvait le ministre de la Justice», a-t-il expliqué en précisant que l'APN n'a pas informé les députés de ce report. Or, cet argument ne tient pas la route puisque les élus du peuple ont été informés par SMS de la tenue de la plénière. Le même scénario s'est produit lors des débats sur le projet de la loi du règlement budgétaire 2013 tenus mardi dernier. Le ministre des Finances s'est vu forcé d'attendre les députés pour présenter son projet de loi. Faute de députés, il a fallu attendre presque deux heures pour commencer les travaux. Le président de l'Assemblée populaire nationale a élevé le ton à plusieurs reprises pour dénoncer l'indiscipline des députés, mais en vain. Il faut reconnaître que les absences qui se comptaient en dizaines ont triplé pour atteindre des centaines ces derniers temps. Les élus font l'école buissonnière. Alors qu'ils n'assistaient pas déjà aux travaux de commission et les séances de questions orales, à présent ils sèchent même les débats de plénières. Ces derniers ont, sans doute, d'autres chats à fouetter. Avec l'approche du rendez-vous des législatives, les élus du peuple consacrent la dernière année du mandat à travailler leur image de marque et se rapprocher des citoyens afin de décrocher un nouveau mandat de cinq ans au sein de l'APN et assurer une rente de 30 millions par mois et des privilèges pour le moindre effort. Sachant qu'aucune loi n'oblige à être présent à l'Assemblée, les élus du peuple en font à leur guise. Cette situation ne sera plus tolérée à l'avenir. Pour mettre un terme à ce phénomène, le Parlement compte faire de la présence une règle obligatoire dans le nouveau règlement intérieur en introduisant soit des ponctions sur salaires soit une indemnité de présence. «Dans la loi sur le règlement intérieur, la présence sera obligatoire», a affirmé le chef du groupe parlementaire du RND, Mohamed Guigi. Ce dernier reconnaît que ce phénomène n'est pas propre à notre pays, mais admet toutefois que les députés ont dépassé les limites.