Le mois sacré est propice aux sorties familiales durant les soirées Pas besoin de voir le croissant lunaire, les Algériens ont une façon bien à eux d'annoncer l'arrivée du mois sacré. Ce sont des signes qui ne trompent pas, et qui sont perceptibles depuis le week-end dernier. L'odeur du mois sacré n'est plus celle de la «chorba», mais des petites habitudes qui se répètent chaque année! Bonnes ou mauvaises, elles sont les signes qui devancent l'arrivée de «Sidna Ramdane». Ces signes des plus révélateurs sont là depuis le week-end dernier. En effet, depuis jeudi, une ambiance des plus apocalyptiques s'est installée dans le pays. Les embouteillages sont de retour et la chaleur qui fait son nid tout doucement n'est pas là pour arranger les choses. Dès les premières heures de la matinée, jusqu'aux heures tardives de la nuit, les routes et artères de la capitale et sa banlieue sont bouchées. Au fil des heures, l'ambiance devient de plus en plus électrique. Les prises de bec commencent à faire leur apparition. Comme c'était le cas hier sur la rocade sud, au niveau de l'aéroport où deux automobilistes avaient transformé cette route à grande vitesse en ring. A peine sortis de leurs véhicules, ils se sont roulés par terre après s'être lancés des insultes en plein milieu des embouteillages. Des rixes qui malheureusement nous rappellent celles qui sont devenues coutumières pendant le Ramadhan. Le jeûne, sa mauvaise humeur et sa nervosité, mélangées à une touche de grossièreté et d'incivilité provoquent des altercations pendant ce mois censé être sacré. La courtoisie a d'ailleurs disparu chez les automobilistes qui conduisent n'importe comment. Cette malheureuse «tradition» ramadhanesque laisse ainsi présager un Ramadhan des plus mortels sur nos routes. Ce n'est pas tout! La flambée habituelle des prix commence à se faire ressentir. En un week-end, les prix des fruits et légumes ont connu une augmentation qui varie entre 10 et 30%. Et ce n'est que le début! On risque de voir ces prix doubler dès que la vue du croissant lunaire sera annoncée! Les citoyens tentent donc d'éviter de trop se faire «saigner» en faisant quelques réserves pour les premiers jours. Ainsi, les gens se bousculent, ils courent dans tous les sens pour les derniers achats et préparatifs pour le mois de jeûne. La culture de la consommation en Algérie est bien souvent celle de la pénurie. Il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin au marché. Les gens s'agitent dans tous les sens! Faire le marché, c'est aller au front. On y fait la «guerre». Il est vrai que la prise d'assaut des marchés qui se déroule d'habitude des semaines avant le Ramadhan, ne s'est faite qu'en ce début de semaine. La fièvre acheteuse a pris du retard, mais elle est bien là. Les boulevards sont noirs de monde. C'est la ruée vers la... «bouffe». Mais passons, ce n'est pas le seul signe «avant-coureur». Autre signe indicateur de l'arrivée du Ramadhan, c'est la fermeture des restaurants et fast-foods. Avant même le début du mois de jeûne, les Algériens sont obligés de... jeûner. C'est une habitude, avant même que le Ramadhan débute, certains restaurateurs ferment leurs commerces laissant derrière eux, leurs clients désemparés. Ils ferment pour laisser leurs employés, venus de l'intérieur du pays, aller passer le Ramadhan chez eux, en famille, ou bien pour laisser place aux activités ramadhanesques. Ils se préparent pour vendre de la «zlabia», du «kalbelouze», de la «cherbet», des «diouls», «hchiche», «mektfa»... En parlant de métiers, l'approche du Ramadhan se fait aussi ressentir par la ruée vers les vendeurs de télévisions, démodulateurs et autres installateurs de paraboles. L'époque où les Algériens renouvelaient leur vaisselle pour le mois de Ramadhan est révolue. Désormais, ce sont les paraboles et les télés que l'on renouvelle chaque année. On veut être branché! Et avec les nouvelles chaînes privées et leurs programmes «spécial Ramadhan», on ne veut rien rater. Dans tout ce «bru lala» on arrive quand même à trouver de bons présages, dont le plus important est le retour de la vie nocturne. Le temps clément a fait sortir, en soirée, les Algériens de leur tanière! Ils entament les «pré-sahrate» où ils vont déguster des glaces, tout en flânant dans les artères de leurs villes respectives. La promenade des Sablettes en est la meilleure preuve... C'est cela le charme du Ramadhan en Algérie. Il n'a pas encore commencé, mais ses effets se font déjà ressentir. Voilà, en attendant d'entendre les «saha ftourkoum» à partir de 8 heures du matin... Saha Ramdhankoum à tous!