Le paysage audiovisuel algérien a été marqué cette année par la présence de plusieurs productions tournées en Tunisie, plus de quatre séries: «B73», «Sous contrôle», «Bibiche ou Bibicha» et «Zoubir Show» une émission de divertissement pour la chaîne Echourouk TV. Ces séries ont été tournées dans le pays voisin, essentiellement pour des raisons techniques. Disponibilité des décors, des techniciens, facilité administrative et surtout bonne post-production. Seulement voilà, cette production coûte très cher pour le côté algérien puisque tout doit être payé en devise. Cet engouement des Tunisiens pour le marché audiovisuel algérien n'est pas une première, puisqu'un opérateur tunisien avait dominé le marché de la publicité et de l'affichage. Cet opérateur, les frères Karoui, avait décroché les marchés publicitaires de Djezzy, puis de Nedjma, dans les années 2000. Les Karoui ont utilisé le marché algérien comme rampe de lancement dans leur parcours audiovisuel maghrébin, notamment pour le lancement de sa télévision Nessma TV. Mais les frères Karoui qui ont fait leur beurre durant plus de 10 ans en Algérie n'ont pas profité de l'ouverture audiovisuelle faite au privé, et ont fini par être chassés du marché local, le bureau de la chaîne Nessma à Alger ayant été fermé, faute de publicité. Mais la déroute des frères Karoui n'a pas totalement fermé la porte du marché naissant de l'audiovisuel algérien. D'autres opérateurs tunisiens en ont même profité. C'est le cas de Tarek Ben Ammar, le célèbre producteur franco-tunisien et l'un des trois actionnaires de Nessma TV. Interdit d'entrer dans le marché algérien suite à une affaire judiciaire avec l'Aarc au sujet du film «Parfum d'Alger», Tarek Ben Ammar a eu l'ingénieuse idée d'attirer les producteurs algériens à Tunis et de leur faire payer les services de son nouveau studio aménagé à Ben Arous. C'est ainsi que le film «Hors-la-loi» de Rachid Bouchareb, et dernièrement le film «Larbi Ben M'hidi» de Bachir Derrais, ont été tournés dans les studios de Ben Ammar. Depuis, une nouvelle société tunisienne a investi en Algérie il y a quelques années.C'est «Not Found Prod», une compagnie artistique et audiovisuelle créée en 2011 en Tunisie et qui a ouvert ses bureaux à Alger en 2013 avec un partenaire algérien. C'est notamment elle qui a produit trois oeuvres pour la chaîne Echourouk TV en 2015: une série animée en 3D, «L'inspecteur Mergou», un short-programme, version algérienne d'Un gars et une fille «(Bint oua walad)» et une émission people «Jet set», avec Rym Ghazali sur les stars maghrébines et arabes tournée à Dubaï. Cette année Not Found s'est illustrée en produisant quatre programmes: deux pour l'Entv «Sous contrôle» et «Bibiche et Bibicha» et deux pour la chaîne Echourouk Tv «B73» et «Zoubir Show». Des productions tournées pour la plupart en Tunisie engendrant des dépenses en devises pour les sponsors qui ont signé avec les chaînes de télévision. [email protected]