Les stigmates des émeutes, qui avaient eu lieu dans la soirée de dimanche dernier, ont complètement disparu. Les services de la commune et la Protection civile se sont attelés, durant toute la soirée, à effacer toute trace d'affrontements qui ont eu comme théâtre l'artère principale. Rien n'indiquait que des violentes échauffourées avaient opposé les services de l'ordre aux habitants d'un quartier où sont érigées, en majorité, des habitations qui risquent de s'effondrer à tout moment. Nous entrons à l'intérieur du quartier, et la nouvelle de la présence d'un journaliste sur les lieux fait vite le tour des bidonvilles. Plusieurs familles sont sorties pour nous inviter à visiter ce qui leur sert d'habitation. Dans un brouhaha indescriptible, et vieilles dames se lamentent et crient qu'elles sont victimes de la hogra des autorités locales. Tour à tour, ces familles nous font visiter leurs habitations qui sont réellement dans un état de délabrement avancé. Une pièce, une petite cuisine, le toit en tuiles métalliques et des toilettes utilisées par tous les voisins. Voilà à quoi ressemblent les «logements» de ces familles qui s'entassent jusqu'à sept personnes dans une seule pièce. Ajouter à cela le bruit assourdissant de la centrale électrique de la Sonelgaz, située à peine à trois mètres des habitations, ce qui rend franchement le sommeil impossible et fait vibrer les murs à longueur de journée. «Comment voulez-vous vivre dans cette situation?», se sont cabrées comme une seule personne les familles que nous avons rencontrées et qui jurent que même les rats d'égouts ont élu domicile chez elles et que plusieurs personnes auraient été mordues par les «rongeurs». D'après leur témoignage, un recensement a été effectué par l'APC et des terrains d'une superficie de 112 m² chacun leur ont été attribués au lotissement Bab Ezzouar Sud pour construire des habitations décentes en 1995, puis la mairie se serait rétractée sans crier gare et ce, malgré des décisions d'attribution dûment établies par le président de la délégation exécutive communale (DEC) de Bab Ezzouar. Les familles contestataires ne sont pas allées par quatre chemins pour expliquer la situation. D'après elles, si les terrains leur ont été retirés, c'est parce qu'elles n'ont pas «graissé la patte» des responsables. Sinon, comment expliquer le fait que plusieurs personnes dans la même situation ont pu construire et n'ont pas été inquiétées un seul instant, s'interrogent les habitants de la cité Tribou de Sorecal. Ces derniers ont interpellé solennellement le président de la République afin d'installer une commission d'enquête sur cette affaire d'attribution de terrains. En attendant, ils promettent que d'ici à trois jours, si leurs doléances ne sont pas prises en considération par la wilaya d'Alger, ils occuperont la rue encore une fois avec leurs enfants, et advienne que pourra. Enfin, les habitants ont également exigé la libération de toutes les personnes arrêtées lors des affrontements qui ont eu lieu dimanche dernier. Ils seraient une vingtaine, d'après les habitants et neuf seulement, d'après des sources sécuritaires. Il faut noter que les services de sécurité, malgré l'ampleur de la contestation, dimanche dans la soirée, n'ont pas utilisé de gaz lacrymogènes lors des échauffourées dans un quartier connu pour sa «surpopulation». En tout état de cause, le logement a encore une fois provoqué la colère des citoyens qui en ont plus qu'assez des beaux discours des responsables qui font des promesses sans lendemain, entre autres celle de rendre la dignité au citoyen, tous les citoyens...