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Ghardaïa la meurtrie retrouve les cortèges d'espoir
Un mois après les inondations, l'ANP continue
Publié dans Liberté le 09 - 11 - 2008

Le bulletin météo spécial attire toutes les attentions depuis les inondations de Ghardaïa. Le dernier tour dans la vallée du M'zab, devenue une plaie, a été organisé le jour du lancement d'un autre BMS. La crainte s'est déjà installée, bien apparente sur tous les visages. Et si ça recommençait ?
Il n'en fut rien. Mais le décor, encore en place, commence à céder peu à peu devant un retour à une “vie normale”. L'indice a été donné par un cortège nuptial qui sillonna l'artère principale de la ville que les soldats de l'ANP ont nettoyée jusque tard la veille. Ce sont encore les militaires qui sont chargés des tâches ingrates après celle du sauvetage des victimes des inondations, il y a un peu plus d'un mois. Second cortège. C'est que la revanche de la nature ou sa vengeance est passée. Bien avant l'abord de Ghardaïa, au sud de Laghouat, une longue colonne de porte-chars de l'armée, sans chargement, a pris la direction de la ville meurtrie. Signe aussi de la fin des travaux. Ils se rendent à Ghardaïa pour récupérer les engins de l'armée envoyés sur place à partir d'Alger juste après la mise au point du plan d'action par la cellule de crise installée dès le 1er octobre, le jour même de la catastrophe. Sur place, les décombres “se dissipent” sensiblement sous les coups de pelle des soldats et des gendarmes qui s'attachent à rendre à l'oued M'zab son sable, sa terre et ces “toutes sortes” de choses qu'il a charriées lors de sa crue.
Le plus gros des travaux est terminé, mais reste à “nettoyer” les maisons, les magasins et les ruelles étroites des quartiers touchés. Mission délicate confiée à l'ANP qui a respecté les délais serrés pour préparer les sites qui accueilleront les chalets pour les sinistrés. Les soldats sont encore en place et continuent, outre le nettoyage, de surveiller les stocks et la distribution des vivres qu'effectue la Protection civile. Les sinistrés sont approvisionnés et l'armée a ramené deux boulangeries ambulantes sur place pour leur fournir le pain. “62 660 pains ont été distribués aux sinistrés entre le 6 octobre et le 2 novembre”, a indiqué le lieutenant-colonel Hakem chargé de la communication de la 4e Région militaire, qui a détaillé le chrono des interventions et des opérations depuis le premier jour des inondations. Loin de céder à la thèse de la fatalité, la situation des quartiers sévèrement touchés montre bien que l'oued qui connut des crues similaires en 1901, 1951 et, à un degré moindre, en 1991, a été pressé, serré, réduit de plus de moitié par les constructions censées servir uniquement en été, mais devenues des résidences définitives. Le quartier El-Ghaba, la palmeraie, malgré les efforts des éléments du service national, garde encore son aspect de plaie béante, avec des maisons éventrées, des murs emportés par les flots, des arbres, essentiellement des palmiers, arrachés… du sable partout, débordant des deux rives que l'oued a tenté de reprendre, emportant malheureusement dans sa furie, qui a atteint par endroits une hauteur de 15 mètres, des vies humaines, sans compter le cheptel. Ces images immortalisées par une caméra héliportée resteront longtemps gravées dans la mémoire de cette vallée qui ne sera plus comme avant, malgré l'insistance de certains habitants à rester “proches de leur terre”, dans leurs quartiers. Loin de la nuée de mobylettes qui sillonnent les rues du centre de Ghardaïa, soulevant des nuages de poussière qui rappellent que “quelque chose de dramatique” s'est passée ici, El-Ghaba “revit” au rythme des bras soulevant des pelles de sable, conduisant des brouettes, ou du vrombissement des camions longeant le lit de l'oued pour déblayer ce quartier très affecté et que les mesures gouvernementales vont complètement changer. Et ce sont maintenant les jeunes du quartier, principalement des Mozabites, qui ont repris le relais des sages pour “harceler” les militaires et les “visiteurs” de questions quant à leur devenir et celui de leur quartier. Des gendarmes, armés de pelles et de brouettes, déblaient la mosquée dont les eaux avaient atteint le premier étage. Quelques tables et des livres inutilisables ont cependant survécu. On peu encore y lire quelques versets épargnés par l'eau.
La cave est remplie de sable. La particularité des constructions d'ici est qu'elles ont toutes une cave. Elles ont toutes été inondées, ce qui rend leur nettoyage difficile. Ignorant les clics des appareils photo et les regards des “invités”, les gendarmes continuent de suer pour évacuer le sable. Plus bas, ce sont les militaires qui font de même. Les habitants ont reconnu que ce sont ces soldats qui ont les premiers ouvert les passages dans ces quartiers qui étaient isolés pendant quatre jours pour certains. “Nous sommes restés ici coupés du reste du monde pendant quatre jours, le pont (un mur en forme de digue utilisé pour traverser la rivière) était sous les eaux, et c'est grâce à l'armée que nous sommes sauvés”, a déclaré Ali, un habitant de ce dernier quartier de la wilaya (commune de Ghardaïa).
“Même le commandant s'est déplacé sur place”, a-t-il ajouté. Les habitants nettoient avec des pelles et des seaux, mais peuvent désormais communiquer entre les deux rives reliées par les engins de l'ANP.
Malgré les stigmates, la vie et la ville ont repris leurs “mouvements”, des magasins épargnés ont rouvert, d'autres subissent un dernier lifting, alors que les plus touchés sont restés en l'état, les rideaux tordus, les vitrines recouvertes de feuilles de tôle ou de plaques en bois, avec, par endroits, les traces du seuil atteint par l'eau. Un chauffeur de taxi relate comment l'eau est arrivée, les secours, et saluera les efforts des militaires qui n'ont pas arrêté leur action depuis le premier jour. “Hier encore, ils sont venus le soir nettoyer les rues de la boue”, dit-il.
Quelques instants auparavant, un prédicateur improvisé, spécialiste grimpeur de palmier et expert en prévision météo, est venu refaire son numéro. Lecture dans les vents : prévisions selon le sens d'où il vient. Lecture dans les nuages et le temps qu'il fera selon leur altitude, le sens et leur couleur. Résultat des courses, il revient à 10 ans avant la catastrophe et ses prédictions de risque de pluies torrentielles. Il détaille le système d'alerte, un code spécifique qu'utilisent les Mozabites pour éviter les inondations, qui consiste en la lecture à très haute voix de versets du Coran et le tir au fusil traditionnel. Quand les prévisions donnent un risque grand, les tirs ne s'arrêtent pas, et les sentinelles, selon lui, postées dans les quartiers des crêtes, donnent l'alerte. Les habitants sont évacués jusqu'à ce que “l'orage” passe. Sauf que, dans son souci certainement d'impressionner, il affirme que les autorités sont informées dix jours avant cette “fatalité”. Si les prévisions étaient exactes, le système d'alerte actionné et les autorités informées, pourquoi y a-t-il eu tant de morts (43 victimes recensées, selon le bilan officiel) ?
Pour lui, les autorités n'ont pas réagi à temps. Selon des témoignages, le “météorologue grimpeur de palmier” a failli être lynché par un père de deux victimes qui, selon lui, s'est rendu coupable d'avoir informé les autorités avant la communauté. Parce que le système d'alerte lui est propre. Implicitement, malgré les prévisions, le système n'a pas fonctionné.
Au bout d'une longue diatribe, les curieux qui l'entouraient, las de l'écouter, se sont dispersés. Alors que soldats et gendarmes continuent de suer pour dégager le sable, un autre jeune du quartier, une chemise “à dossiers” sous le bras, s'approche du groupe et demande à l'officier militaire ce qu'il adviendra du quartier El-Ghaba. L'officier lui rappelle les mesures du gouvernement, l'élargissement du lit de l'oued et l'interdiction de nouvelles constructions. “De combien de mètres doit-on reculer ?” le ton un peu menaçant, lui demande-t-il. “Peut-être d'une cinquantaine de mètres”, répond le soldat qui lui rappelle que ce n'est pas sa mission et que beaucoup de travail attend ses éléments. Le citoyen aux allures de jeune délégué promit de réunir les gens du quartier pour les en informer. Tout le monde est surpris par cette sortie, d'autant que le quartier est encore en grande partie “noyé dans le sable”. De toute manière, les habitants des maisons classées “rouge” par l'expertise seront transférés dans les chalets ou les logements ruraux. Il est prévu l'installation de 2 650 chalets et la livraison de 2 600 logements ruraux. La chose n'est par ailleurs jamais évoquée dans les discussions. Sur les hauteurs sud de Ghardaïa, les soldats qui ont installé leur camp respirent après une nuit de travail, quelques-uns sont alertes, à l'image du boulanger qui se tient prêt à prendre la prochaine commande. Juste à côté, militaires et gendarmes gardent les dons (sucre, semoule, huile… ) entreposés sous les gradins du stade olympique. D'autres surveillent les engins qui ont déjà repris leur place sur les porte-chars, dans une aire non loin de là. “Nous venons tous d'Alger”, dit un soldat, confirmant que les engins ont été envoyés par l'état-major. L'image invite au “débraillement”, la mission terminée. À la tombée de la nuit, Ghardaïa s'assoupit, avec ses meurtrissures, ses plaies qui se referment doucement alors qu'elle garde un œil attentif sur les BMS. Les soldats qui l'ont soulagée du poids de l'eau continuent maintenant de la soulager des “flots” de sable qui l'étouffe.
Le cortège fleuri est passé, avec, malgré la poussière, un goût de joie, un sourire retrouvé. D'autres convois suivront pour donner un autre signe de soulagement. Les premiers chalets arrivent. Entre Alger et Ghardaïa, la route est comme jalonnée, à une cadence régulière, par les camions transportant des chalets. Les sinistrés seront bien à l'abri. Rapidement. Les travaux de terrassement des 12 sites choisis pour accueillir les chalets sont déjà achevés. Le relogement des sinistrés n'est désormais qu'une question de jours. Et Ghardaïa pourra dormir, se réveiller et sourire au passage des cortèges nuptiaux et laisser ses badauds courir les rues sans être éclaboussés par la boue du 1er octobre qui est déjà loin derrière eux.
D. b.


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